
Alors, c'est sûr, des millions de gamins vivent en voyant cent fois moins leurs parents que mes filles, c'est sûr aussi que des millions de gamins passent plus de temps avec leurs parents, mais ce temps ne leur est quasiment pas consacré, et c'est sûr aussi qu'on ne meurt pas d'aller en garderie le matin, et le soir.
Non. C'est vrai.
Mais passer l'hiver à réveiller deux petites filles aux aurores alors que leur petit corps est encore plongé dans les doux bras de Morphée, ça m'a épuisée moralement.
MM1 d'ailleurs me demande chaque matin si c'est une petite ou une grande journée aujourd'hui. La petite journée, c'est le mercredi, les grandes journées sont celles où il y a garderie matin et soir.
Aujourd'hui, c'était une moyenne journée. Devant l'air circonspect de ma fille, je lui ai alors annoncé que je viendrais les chercher, elle et sa petite soeur, à la sortie des classes. Elle a sauté de joie et m'a collé un énorme bisou me rappelant au passage qu'elle m'aimait. Elle se trouvait jolie ce matin, et n'a cessé de nous le dire, tout en se mirant dans la glace. Puis, elle s'est retournée et m'a expliqué combien elle détestait les grandes journées, parce qu'il arrive un moment où "papa et maman me manquent dans mon coeur" et là, "je deviens toute triste".
J'ai posé mon fond de teint et lui ai rappelé la magie de l'amour, à savoir que même séparé, on est ensemble, je lui ai raconté le lien invisible mais si fort qui unit une famille, et que toute la journée, elle était dans mon coeur à moi aussi.
"Oui, je sais, mais tu me manques quand même..."
"Et si on se prenait en photo, papa et moi et qu'on imprimait cette photo, si tu la gardais dans ton cartable, penses-tu que cela t'aiderait à vivre mieux le manque ?"
"Oh oui, mais on l'imprimera sur l'ordinateur ? Je pourrais essayer ?"
Cet après-midi, j'ai eu le bonheur de vivre ce que des millions de mamans vivent au quotidien : une parenthèse dans mon planning, une pause tendresse. On s'était assises toutes les trois autour de la table pour le goûter et on se racontait notre journée.
"En tous cas, ça me fait très plaisir de pouvoir venir vous chercher à l'école, j'aime ça".
Et MM1 de prendre sa toute petite voix tristoune :
"Oui, mais moi, je préfère rester à la garderie, parce qu'au moins, je peux jouer avec mes copines..."
J'ai failli m'étouffer, mais il n'en fut rien. Stoïque, j'ai fini par bénir cette adorable femme qui s'occupe des garderies : grâce à elle, je n'aurai même plus besoin de culpabiliser de temps en temps !
3 commentaires:
Ah ces gosses, jamais content!!
A la crèche j'étais aussi la dernière et je ne vais jamais ou quasi la chercher à l'école... ça me manque et tout mais que faire...
Sont forts ces enfants... elle a su te déculpabiliser en un rien de temps, et après une parenthèse de bonheur, en plus !
et oui ! trop terrible pas vrai ? mais déculpabilisant un max aussi ...:)
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