mercredi 25 mars 2009

Un visage

Au bout d’une heure d’attente dans la salle, le médecin ouvrit sa porte et tout en plongeant son regard dans le dossier qu’il venait de prendre sur le comptoir de l’accueil, marmonna mon nom.

Je me levai aussitôt et me précipitai dans son bureau, préférant éviter les regards impatients des femmes qui attendaient avec moi.

- Madame Cendrillon, c’est vous les OMPK, n’est-ce pas ?
- Si vous le dites, Docteur.
- On va vérifier ça immédiatement. Déshabillez-vous, installez-vous.

Les yeux rivés sur l’écran, il se plaisait à commenter l’état de mes ovaires, et à compter les dizaines de follicules qu’ils fabriquaient. J’avais décidé de ne pas le regarder, vu qu’il ne s’intéressait qu’à mes ovaires, jusqu’à les appeler « OMPK ». Parce que non, le toubib ne s’était pas trompé, je ne m’appelais pas Odile-Marie Privot-Kremer, mais mes ovaires avaient pris du grade en devenant « micro-poly-kystiques ».

Je crevais d’envie de lui demander l’état de santé de sa prostate, mais ma décence me l’interdisait. Du moins, il eut fallu qu’on se salue avant.

Le docteur jubilait. Le diagnostic était clair, simple et précis. 4 lettres sur mon dossier me cataloguaient aussi facilement qu’une facture dans une entreprise. D’ailleurs, il prit son stylo rouge et entoura son diagnostic, non sans fierté. Ensuite, il s’intéressa aux autres symptômes des OMPK. Parce qu’il connaissait le sujet sur le bout des doigts. Et pour les OMPK, c’était telle page, tel paragraphe, tels symptômes.

Je me devais d’avoir la peau grasse, des poils et des ovulations merdiques. Si si si, même pas besoin de me poser la question, c’était écrit.

J’étais entrée avec des questions en tête, mais je n’ai pas osé les poser. A aucun moment je n’avais croisé un humain, j’avais eu affaire à un technicien qui s’était entretenu avec une partie de mon anatomie. Je ne l’ai plus jamais revu.

Des années plus tard, en consultation FIV d’un grand hôpital bruxellois, je me suis entendue dire froidement à un autre docteur qui m’avait aussi appelée « OMPK » qu’autour de mes ovaires, il y avait une jeune femme en souffrance de verdict de stérilité, et que je voulais qu’on s’adresse à elle, et rien qu’à elle.

Finalement, la rencontre extraordinaire aura eu lieu, quelques années plus tard. Des émotions d’avoir vécu une aventure extraordinaire ensemble, d’avoir construit un lien, une histoire entre un médecin, un couple et la technologie de pointe. Des visites qui commencent par une poignée de main, des souvenirs intenses, des photos échangées de sourires d’enfants.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est fou tous ces médecins qui n'arrivent pas ou n'essaient pas? d'avoir des relations humaines avec leurs patients...
Heureusement tu as rencontré The One!

2L a dit…

ouf. les médecins et nous...il vaut mieux être forte pas vrai ?!