
Ce rendez-vous en tête-à-tête avec la mer est un moment d'une rare intensité, un doux moment de retrouvaille avec soi et les éléments.
Tout commence avec le doux bercement des vagues, comme si des forces invisibles faisaient travailler la terre et l'eau juste là, devant nous, sous nos pieds. Elle arrive au loin et vient mourir à mes pieds, bientôt, il faudra que je recule, si je veux épargner mon pantalon. La vague s'éteint et pourtant m'offre multitude de coquillages, d'algues et quelques indésirables aussi.
Le jeu continue les yeux fermés, deviner où est la vague et si elle va s'embarquer dans un rouleau ou si elle va venir me chatouiller les pieds, délicatement. Faire confiance à son oreille.
Bercée par le bruit des vagues, par les embruns, par le soleil et le vent, la porte s'ouvre sur de plus amples confidences. Tu vois, la mer, il faut que je te dise un truc ... Un truc que je ne dis jamais, que je ne saurais même pas écrire, encore moins dessiner. Faut que je sorte des mots comme toi, tu fais des vagues, sans réfléchir. Juste parce que ça fait du bien. Parler pour partager des souvenirs qui n'intéressent plus personne, pour exorciser les angoisses de demain, pour pleurer les absents qu'on s'interdit de pleurer dans la bagnole alors qu'on est maquillée et qu'on est déjà à la bourre le matin, parler pour faire de la place, pour se rappeler qui on est.
Et lorsque les maux se réveillent et que les mots coincent, il y a le sable qui vient donner un formidable appui, et toucher des doigts la matière, lisser le sable et simplement y planter son doigt ou écrire le mot qu'on ne peut dire, dessiner le mal, et l'effacer aussi vite. Et si la colère devait s'en mêler, enterrer mes pieds et me relever.
Parce qu'on se relève toujours, hein...
2 commentaires:
toujours très beau texte.
recevoir tout ce que la mer te donne et lui donner tout ce qui te fait mal.
et plus encore, la nuit, comme si tu étais seule sur terre, rien que toi et la mer, les yeux tournés vers le large, le bruit du ressac pour berceuse, et faire le vide en soi pour repartir plein de force et de courage.
Bises du bord de mer.
Papsy
Tes mots sont si justes... alors que si ça se vit comme une évidence, c'est beaucoup plus ardu à exprimer.
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