C'est un voyage difficile que tu entreprends là, partagée entre l'envie d'oublier la maladie et de profiter des moments d'intimité à l'occasion des fêtes, et du besoin de se dire au revoir, pour de vrai, une dernière fois.
Il faut être fort pour rentrer chez soi avec ses perfusions de morphine, et d'aller en chercher d'autres tous les 2 jours au dispensaire, parce que tous les traitements ont échoué, parce qu'un vilain mot désignant une masse est venue se loger dans la gorge, menaçant tout sur son passage.
Il faut être fort pour rentrer chez soi et se battre encore pour se donner le temps de saluer tous ceux qui ont compté et de serrer tous ceux à qui on va manquer. Il faut être courageux pour endurer avec philosophie qu'on aura passé sa vie à bosser dans l'espoir de profiter plus tard et que plus tard, c'est maintenant, au bord du gouffre.
Il faut aimer très fort pour prendre ses petites filles dans les bras et leur faire des dessins, sans doute les derniers.
Mon Amie qui traverse le monde pour dire au revoir à son héros, j'imagine cette angoisse qui te tient depuis qu'à demi mot, on a bien voulu te dire qu'il était temps de venir, j'entrevois avec énormément de peine cette course folle dans ta tête, dans tes tripes et dans ton coeur, lancée contre la montre : et si tu arrivais trop tard ?
Il y a tant de mots qui ne peuvent se dire au téléphone et qui perdent leur écho via Skype, il y a tant de mots qui n'ont de sens que dans les silences qui les entourent, il y a tant à se regarder pour évoquer ensemble les années passées et celles qui vont se passer avec l'absence.
Je pense à toi, à vous, mon Amie.
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