Aujourd'hui, je n'ouvre ma porte que dans certaines conditions, lorsque je reçois, lorsque je rentre chez moi, lorsqu'on sonne à la porte. J'ai beau habiter un petit village, mon salon n'est pas la place publique.
De même, je ne connais pas tous les salons de la place communale, j'en connais certains, lorsque j'y suis invitée, ou bien parce qu'un soir de frénésie culinaire, il me manquait un oeuf pour ma délicieuse mousse au chocolat ou mon cheese cake à faire fondre n'importe quel(le) ami(e) sucré(e).
De l'autre côté du mur, j'entends bien qu'il y a une vie, des portes claquent, des voix s'élèvent parfois, les voitures vont et viennent, les lumières s'allument et s'éteignent. Lorsque la soirée est mouvementée, il nous arrive, avec le Prince, de nous imaginer une scène ou l'autre, on en rit et on oublie. Le lendemain, si nous croisons nos voisins, nous avons la discrétion de ne rien dire, de faire comme si rien ne s'était passé, comme si nous n'avions rien vu, rien entendu. Pour préserver des liens de bon voisinage, on évite de se fâcher, on garde l'église au milieu du village, en quelque sorte...
De peur de passer pour des gens trop curieux, pour des gens "envahissants" qui se mêlent de choses qui ne les regardent pas, on ferme les yeux sur pleins de broutilles. Mes voisins sont charmants, calmes et respectueux. Mais j'aurais pu être la voisine de ce père qui, mardi après-midi, pour corriger son enfant âgé de 8 ans d'avoir volé 3 euros à l'école, l'a plongé dans un bain glacé, avant de l'ébouillanter pour tenter de le réanimer.
Ce gamin va certainement s'en sortir, il gardera des séquelles physiques de ces mauvais traitements, il composera demain et les jours suivants avec des blessures psychologiques immenses, il devra à nouveau trouver la force pour faire confiance à un adulte sensé le protéger et l'aimer. Ce père et cette belle-mère seront poursuivis pour coups et blessures volontaires et tortures sur un mineur sur lequel ils avaient autorité.
Ce père passait aux yeux de ses voisins pour un père aimant, qui jouait beaucoup avec ses enfants dans le jardin. Pourtant, derrière ses murs, l'horreur battait son plein.
Ce soir, je pense très fort à ce petit garçon qui, aux dires des médecins, s'est battu pour survivre.
4 commentaires:
La métaphore du mur m'interpelle. Lorsque je passe en train devant une bâtisse notoire de tortures, cachée par un cerf-volant et des enfants ... candides, je suis malade de penser que personne n'a vu, entendu, senti l'Atrocité à côté de chez soi. Notre société nous enseigne de ne pas dire les choses, mais bon sang, aujourd'hui, près de 4 ans après mon drame perso, je n'ai plus peur de m'insurger et de crier ma révolte!
Bonne soirée quand même ...
phil
Frissons...
J'en ai des frissons aussi... à chaque fois, ces histoires me mettent hors de moi et je ne cesserais jamais de me demander comment des parents peuvent avoir mis au monde un enfant pour le torturer...comment on peut faire du mal à son enfant ou a n'importe quel enfant d'ailleurs...
difficile le problème du voisinage, on peut s'en vouloir de ne pas avoir été assez curieux parfois...
carole
Je me joins à vous, je frissonne aussi d'imaginer ce petit luttant contre le "sommeil" dans son bain glacé.
Enregistrer un commentaire