lundi 26 novembre 2007

L'eau

Le verdict est tombé il y a des semaines. C'en est fini de ces images de famille heureuse, c'est terminé de se bercer d'illusions, c'est la fin des doux rêves de caresses et de comptines. Aujourd'hui, c'est l'attente du point final à cette aventure qui aura pourtant eu la chance de démarrer.
Les jours passent et les regards alentours se font de moins en moins gênés. La vie reprend ses droits, le quotidien ses gestes, et moi, j'ai juste l'impression de me noyer un peu plus chaque jour. Les larmes ne coulent plus pourtant, et je me demande dans quoi est-ce que je me noie. Je reprends juste assez d'air pour aller travailler, pour manger, pour dormir, pour faire ces quantités de choses anodines et inutiles, puis je recoule. Chaque bouffée d'air m'épuise un peu plus, je voudrais être une gomme pour tout effacer. Dieu, que c'est dur de se noyer, de sentir des mains se tendre mais de ne pas être sûre de vouloir les saisir, ni sûre d'en avoir la force. La douleur causée par l'eau dans les poumons est terrible, et plus je lutte, plus elle revient.
La délivrance s'est faite dans la terreur, dans la solitude et dans le noir. Mon corps entier se défendait de vivre cette expérience mais il le fallait, la nature reprend ses droits, les marées continuent même pendant la tempête.
Au petit matin, libérée d'un poids immense, d'un fardeau et d'un cercueil, j'ai cessé de me noyer, j'ai repris une respiration moins saccadée et j'ai refait surface, peu à peu.
A ce moment-là, je ne savais pas qu'un jour, j'allais pleurer de fatigue après une montagne de nuits blanches, ni que j'allais me sentir noyée sous les contraintes, les angoisses de mère, l'organisation d'une famille, mais je savais que la marée emporterait avec elle le chagrin évacué et amènerait d'autres surprises. Ce que j'ignorais, par contre, c'est que les surprises allaient à ce point changer ma vie, mon être, mon regard sur le monde.

6 commentaires:

philippine a dit…

Que répondre à cela? Les mots que je pourrais trouver n'auraient pas de poids ni la portée que je voudrais leur donner... (cet exercice d'écriture est tout aussi difficile que lorsque je m'adresse à ma tendre Noa) J'enrage de ne pas être à la hauteur, mais je suis là. Gros bisous, phil

Anonyme a dit…

c'est très émouvant et c'est la fin qui est la plus importante...

Mémère Cendrillon a dit…

Merci, simplement.

Schizozote a dit…

il y a aussi des marées de bonheur... et dans celles-là, on aime bien se noyer. Je t'en souhaite plein.

Anonyme a dit…

Chère Mémère,

très chère reine des courges... qu'il est dur, mais qu'il est beau ce billet...

Je t'embrasse

Callie, très émue...

Mémère Cendrillon a dit…

Schizozote, ouiiii, et encore heureux qu'on peut aussi s'y noyer !

Callie, je t'embrasse aussi.