jeudi 15 novembre 2007

Pas sur la même longueur d'ondes

Je venais de passer un temps certain dans les méandres d'un logiciel de bases de données, et personne n'avait bronché. Il faut avouer que je n'avais rien tenté pour m'assurer que mon auditoire me suivait toujours, consciente d'être face à un public fatigué et pas follement intéressé. J'avais aussi remarqué que certains surfaient sur le net, d'autres gribouillaient quelques notes, tandis que les derniers fixaient leur écran et luttaient pour garder les yeux ouverts.

Cet état de torpeur était un signe évident qu'une cassure dans le rythme devenait urgente. Je remballai donc la théorie au profit d'applications variées. Alors que j'expliquais le contexte du premier exercice, je fus interpellée par un "j'ai pas compris".

J'étais donc en train de dire que "si le client veut un abonnement, vous cochez la case ABO, s'il n'en veut pas, vous ne cochez évidemment pas cette case".

J'ai d'abord pensé que cette personne n'avait pas "entendu" et non "pas compris" ce que je venais de dire. J'ai donc répété. "Je comprends toujours pas". Il ne s'agissait donc pas d'un problème d'audition, malheureusement. D'une patience à toute épreuve professionnelle, j'ai bien tenté de faire appel à d'autres canaux d'apprentissage, mais rien n'y a fait.

Une case cochée = le gars veut s'abonner
Une case pas cochée = le gars ne veut pas s'abonner

Ce qui semblait clair et simple à la majorité, relevait de la langue étrangère et très lointaine (genre le tonguien) pour cette personne. D'un naturel tenace, j'ai pourtant abandonné. Parce que parfois, l'évidence tarde à venir. Sauf que dans la situation présente, elle n'est tout simplement pas venue.

Je l'ai donc laissée mariner dans son jus, consciente que le blocage auquel elle devait faire face trouvait son origine non pas sur l'histoire d'un gars qui veut ou ne veut pas un abonnement et d'une ridicule case à cocher, mais certainement ailleurs, dans son histoire face à ses apprentissages. Et là, lâchement, j'ai eu envie de me tailler, et de ne pas prendre le temps de défaire ce noeud, du moins d'essayer.

Midi. Ouf...

7 commentaires:

Madame Poppins a dit…

Dans la formation, surtout adultes je crois, il y a forcément un moment où les chemins du formateur et de l'apprenant doivent se séparer : le formateur voudrait que ce soit parce que l'apprenant a trouvé son autonomie. Parfois, c'est simplement parce que l'apprenant doit d'abord parcourir un autre chemin....

Anonyme a dit…

Et s'il n'avait pas compris depuis le début?
en tout cas, il faut une patience incroyable pour faire de la formation, je comprends ta réaction...
je pars demain matin pour une semaine de vacances, j'aurais beaucoup de lecture à mon retour! Bon week end et bonne semaine.
Carole

Anonyme a dit…

Et c'est bien pareil avec les enfants.
On a beau parfois prendre 10 chemins différents, pas moyen d'allumer la lumière... sans comprendre à quel niveau ça coince.
pré-requis ? vocabulaire utilisé ? démarche ? fausse idée pré-conçue de ce qu'il pense qu'on attend de lui ? représentation interne erronée ? grosse fatigue ???
Totalement déroutant de ne pas trouver l'interrupteur magique parfois... et encore bien plus quand c'est une notion très simple, quasi évidente !

Mémère Cendrillon a dit…

Madame Poppins, oui, c'est vrai, souvent on considère à tort que telle situation est un échec, parfois, on a juste ouvert une porte un peu trop tôt. La refermer pour la rouvrir un peu plus tard n'est pas un échec. C'est ne pas la rouvrir qui le serait certainement. Mais au moment où on pense "échec", il est encore bien trop tôt pour le dire.

Carole, de la patience dis-tu ? Pourtant, tous mes proches te diraient que je n'en ai pas beaucoup... Bonnes vacances, profite bien !

Je rêve, remarque, si on laisse pleins de lumières éteintes, on risque de faire pas mal d'économies, non ???? :-))))))

Bizettes

Amble a dit…

En fait il y a toute une série de possibilités auxquelles tu n'as pas pensé:1 la personne n'avait pas compris pourquoi on l'avait inscrite dans un cours de bureautique
2 la personne n'avait pas compris pourquoi c'était toi qui donnais le cours et pas elle (il y a des gens qui sont susceptibles et sensibles aux injustices)
3 la personne n'avait pas compris où se situait la case à cocher
4 la personne n'avait pas compris pourquoi le gars ne voulait pas s'abonner
5 la personne n'avait pas compris ta première phrase mais comme tu ne l'as jamais répétée pareille...
6 la personne n'avait pas compris pourquoi tu ne l'avais pas regardée quand elle t'avais dit bonjour
7 la personne n'avait pas compris pourquoi tu t'énervais comme cela ou...comment tu faisais pour garder un calme apparent
8 la personne n'avait pas compris pourquoi tu t'évertuais à redire ce qu'elle avait compris depuis longtemps en la regardant avec insistance
9 la personne n'avait pas compris pourquoi j'avais trouvé sa lettre de candidature nulle
10 la personne n'avait pas compris le mot "cochez" qu'elle a dû confondre avec "cochon"
et pourquoi tu traite tes stagiaires de "cochons" puis après tu propose un abonnement ?

Anonyme a dit…

Je voulais juste te dire que je connais cette photo de quelque part... 8)

Mémère Cendrillon a dit…

Amble, merci ! Un pur régal tes lignes, tu as tout juste !!!

Patuxa, non, c'est vrai ???? :-)))