La première fois qu'on m'a ouvert le bide pour extraire un petit trésor qui s'était fait tant attendre, je me suis présentée au bloc résignée et si excitée à l'idée d'une nouvelle vie, d'une famille, de tant de challenges et de responsabilités, que j'en oubliais les angoisses et les nuits blanches...
Le sourire laissé sur le haut de mon pubis était très laid, mais je l'ai accepté, telle la porte dessinée qui avait servi de passage à ma fille adorée.
Lorsque le couperet est tombé pour la naissance de MM2 et que je me suis présentée au bloc afin de me faire ouvrir le bide une 2e fois, je n'étais plus du tout dans l'excitation de faire naître un bébé en avance sur le planning pour raison médicale sérieuse, cela va sans dire. La relation d'exception que j'ai avec mon gynécologue m'a permis de lui poser toutes les questions qui me torturaient, mais j'en avais oublié une, de taille. De fait, de ses blanches mains gantées, l'expert couturier était tout fier de m'apprendre qu'il m'avait oté le moche sourire et m'en avait fait un tout nouveau.
Ben, j'ai ralé. Le moche, j'avais fini par l'accepter, ou plutôt, je "composais avec", l'associant à une événement somme toute inoubliable et heureux. Et là, cette deuxième déchirure, que je vivais comme une amputation dans ma vie de femme, m'offrait un nouveau sourire tout neuf, tout beau, et je n'en voulais pas.
Envolés les caprices de star, mon morceau de chair était parti dans les oubliettes du bloc opératoire, il n'y avait vraiment pas de quoi en faire un drame, aux dires de mes proches tout en affaire devant un si joli bébé au teint mat.
Donc, deux césariennes, 1 cicatrice, la plus jolie, certes, mais pas la mieux vécue.
Et aujourd'hui, presque 15 mois plus tard, le sourire est en train de s'estomper. Bientôt, il disparaîtra. Je connais des tas de femmes qui se réjouiraient de voir enfin leur cicatrice s'effacer, et moi, je râle de les perdre. Je me sens amputée une 2e fois, sans la douleur physique toutefois.
Jamais contente.
6 commentaires:
petite madame
je connais ça, sauf qu'ici il n'y aura pas de 2° sourire...
Le sourire s'estompe, mais il ne part jamais... il part juste en vacances sur les lèvres de nos bébés...
Je te fais mille bises.... n'hésite pas à m'écrire si tu ressens le besoin de te confier...
Et si tu te faisais un tout petit tatouage pour en marquer l'emplacement, juste pour toi ?
Comme quoi, on est jamais contente de son sort...moi j'aimerais que ces 2 sourires s'atténuent tellement ils sont moches. Il n'y a pas à dire , je cicatrise large et c'est vraiment pas beau même si ça renvoit à mes 2 merveilles, j'aurais tellement voulu que ce soit autrement....
Bisous
Difficile pour moi de me représenter cela, vu que par deux fois, mes accouchements ont préféré la voie basse, certes. N'empêche, peut-être voix basse et terme (41 sem et 37 sem) sont synonymes de grand bonheur, mais dans mon cas, c'était chaque fois une déchirure épouvantable et indicible... Si je pouvais réécrire l'histoire, je pense que je choisirais la césarienne ... avec ou sans traces , peu m'importe, mais pourvu que mes deux bébés vivent !!Ceci dit sans jugement aucun...
Petit clin d'oeil de tristesse ce matin, flo
hum, je m'aperçois que j'ai écrit voix avec xxxx, comme quoi il est temps que je me recouche...
phil
Khalam, j'aime beaucoup l'idée de ce sourire qui voyage sur le visage de nos enfants. Je te fais mille bises à toi aussi !
Schizozote, en fait, toute la contradiction est là : je n'ai besoin de rien, ni de tatouage ni même de cicatrice pour me rappeler ces instants, ils sont gravés dans mes tripes. De plus, une femme qui accouche par voie basse ne garde aucune cicatrice visible de la naissance de son enfant. C'est juste une espèce de blessure de l'âme, absolument "pas bien grave", mais résolument douloureuse certains jours... enfin, ça passe.
Valy, je comprends chacun de tes mots, j'aurais pu aussi les écrire, à une époque.
Phil/Flo, évidemment, évidemment que toutes les césariennes du monde sont une véritable formalité à côté de l'épreuve terrible que vous endurez. C'est juste que parfois, il s'en aurait fallu de peu pour que l'histoire s'écrive autrement, pour toi plus que jamais d'ailleurs. Je t'embrasse très fort.
Merci pour vos interventions...
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