dimanche 2 décembre 2007

Au détour d'une nouvelle

Dois-je le considérer comme à moitié vide, ou à moitié plein, ce verre de whisky que je viens de me servir ? Dois-je le boire cul sec ou bien le siroter à mon aise ? Pour une fois que je bois d'ailleurs...
Je savais, je le savais que quelque chose de grave allait se passer. Je savais, lorsque la secrétaire du toubib m'a dit, au téléphone, d'une voix qu'elle voulait le plus neutre possible, qu'il fallait que je revienne le plus vite possible, que ma vie allait prendre un virage à 180 degrés.

Les mots du spécialiste se sont emmêlés très vite, son diagnostic sans appel, son air désolé, les traitements palliatifs, les chimio de confort, les hospitalisations longue durée, tous ces mots étaient restés en suspens, quelque part dans l'atmosphère, entre la sphère médicale et ma sphère à moi. Un puzzle où aucune pièce n'avait rejoint l'autre, un gouffre entre chaque mot, un vide entre chaque image, l'hébétude la plus complète.

Je suis sortie du CHU, il faisait plein soleil. La luminosité m'a donné le vertige, cette impression que le sol se dérobait sous mes pieds, de perdre le contrôle, des images de châteaux construits à l'aide de jeux de cartes mises les unes sur les autres en équilibre qui s'écroulent parce qu'une porte vient de s'ouvrir, un peu trop brusquement.

J'ai ouvert la portière de la voiture, et me suis installée au volant de ma voiture. J'ai rallumé mon téléphone et j'ai regardé si de nouveaux messages étaient arrivés, pendant les 2 heures qu'avait duré le rendez-vous. Rien. L'homme que j'ai épousé il y a vingt ans déjà ne trouvait pas le temps long et devait être occupé à racheter telle entreprise ou à négocier un contrat en or, cette fois-ci. Penser à cette famille pour laquelle j'avais tant investi, et tant sacrifié, m'enfonçait davantage dans un état de torpeur.

Je suis rentrée à la maison, j'ai appelé le boulot pour les prévenir que je ne viendrai plus de la semaine, et me suis servie un verre.

Dans quelques heures, ils vont tous débarquer, enfants, parents, oncles, tantes et cousins, pour fêter les 18 ans de mon fils, et il va falloir faire bonne figure.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

la suite, la suite....!

Mémère Cendrillon a dit…

Carole, la suite risque de ne pas être drôle, alors j'attends et j'espère une issue favorable. Bises

Anonyme a dit…

mais tu ne parles pas de toi quand même? j'ai eu l'impression que c'était une fiction mais je me suis trompée?... désolée...

Mémère Cendrillon a dit…

Oh non Carole, je ne parle pas de moi mais d'une connaissance. Bises

Anonyme a dit…

Ma terreur...