mercredi 5 décembre 2007

Dodo l'enfant do

Petite, je n'ai jamais aimé l'heure du coucher. Mes parents s'acquittaient de cette tâche avec impatience et ont vite fait de nous laisser nous gérer, seuls, mon frère et moi. Les histoires du soir se résumaient souvent à "prends un livre et lis-le dans ton lit" et le bisou se donnait du bout des lèvres en un millième de seconde.
Je me souviens encore aujourd'hui la difficulté immense que j'avais à trouver le sommeil, toute concentrée que j'étais à revivre mes journées de l'intérieur, à refouler les émotions, à craindre le lendemain, à taire mes questionnements.

Seule dans mon beau lit de princesse, je me relevais souvent sur la pointe des pieds, et allais m'asseoir en haut des escaliers pour écouter les bruits de la maison : la télévision, les machines à laver le linge ou la vaisselle qui tournaient, ma mère qui repassait, ou qui téléphonait, les pas, les voix de mes parents mais surtout, je tendais l'oreille lorsque je les entendais se disputer. Mon coeur se mettait alors à battre violemment, et des bouffées d'angoisse me figeaient sur place. Il fallait que j'entende le bruit d'une porte qui s'ouvre et qui annonçait la venue proche de l'un de mes deux parents pour que je file me recoucher et m'endorme finalement sur mon oreiller rempli de larmes.

Le lendemain, j'observais de part et d'autre et attendais le moment fatidique où nous serions réunis, mon frère et moi, pour entendre la sentence tomber : "les enfants, nous allons divorcer". Toutes mes copines de classe avaient des parents "divorcés", les miens allaient forcément y passer. Mais les choses finissaient par reprendre leur cours habituel, et je repoussais l'angoisse de la séparation à plus tard. Je me recouchais seule, lisais mon livre seule, restais seule aussi avec mes doutes et mes peurs.

Maman à mon tour, j'ai découvert la magie de ces instants uniques du soir. Et lorsque MM1 me chuchote des secrets dans l'oreille et me demande de rester "pas loin un petit peu", je me revois à son âge, désirant plus que tout me laisser tomber dans les bras de Morphée, sereine et apaisée par la présence rassurante de ma mère.

5 commentaires:

Mr et Mme Poulets a dit…

Je fonds devant la courge caline

Anonyme a dit…

j'étais avec toi sur l'escalier en lisant tes mots... j'adore aussi le soir, le moment des histoires, tout ce petit rituel du coucher, les chansons, les câlins qui n'en finissent pas...

Anonyme a dit…

C'est si important, l'heure du coucher...
Bizarrement, je n'en ai pas de souvenirs particulier. Il y avait des histoires lues par maman, sans doute, mais sinon ...?

Mémère Cendrillon a dit…

Mme Poulet, merci !

Carole, il faut profiter de ces si bons instants, bientôt, elles nous tireront la tronche "pour rien", elle aura passé la cap des 10 ans !!

Je rêve, si tu n'as pas de souvenir particulier de ce moment, c'est peut-être parce qu'il était comblé ?

Merci

philippine a dit…

Certains points communs, oui, l'attente d'une séparation qui ne se fera jamais, le stress permanent devant cette situation, et beaucoup d'événements sous-jacents refoulés...Par contre, des bisous, il en pleuvait pour cette petite cadette de famille de 4 enfants.
Maman aujourd'hui, j'accorde également beaucoup d'importance aux bisous de papa et de maman et de papa pour maman et vice-versa! bisous,