vendredi 7 décembre 2007

Le corps et l'oreille

Pendant ma petite enfance, j'ai vécu dans le raisonnement, dans la logique, dans le concret, dans les faits. "J'ai mal au ventre", ça voulait dire "j'ai mangé un truc qui ne passe pas", ou "j'ai trop mangé, ou pas assez", mais certainement pas "j'ai peur", "j'angoisse", "je stresse".

Adolescente, ce corps qui me semblait si étranger m'a profondément troublée, au point de me faire perdre toute confiance en mon sacro-saint raisonnement. "J'ai mal au ventre", ça ne voulait plus rien dire, les possibles étant tellement grands que je me noyais dans les incertitudes.

Il m'aura fallu attendre l'âge adulte pour pouvoir faire la paix avec ce corps, et accepter qu'il ait son mot à dire. Le résultat n'a pas tardé, il s'est libéré de nombreuses années de prison. Si aujourd'hui, j'accepte d'écouter ce qu'il a à me dire, j'ai encore du mal à lui obéir, je voudrais pouvoir avoir le dernier mot. Disons que je garde une oreille attentive.

Hier soir, MM2 était surexcitée, elle ne voulait rien, était fatiguée et pleurnichait tout le temps. Après avoir passé de longues minutes à chercher ce qui pourrait la calmer, j'ai fini par l'allonger et poser mes mains sur ses cheveux. Je lui ai alors raconté ses premières heures de vie, ces premiers instants volés, où tout nouveau-né aspire à rester tout contre sa mère et prolonger cet état de grâce pour pallier au choc violent et froid de la naissance et du passage du monde aquatique au monde aérien. Je lui ai chuchoté combien ces 24 heures de séparation resteraient gravées dans nos corps en plus de torturer mon esprit. Je lui ai murmuré qu'il était temps de faire la paix avec ça, qu'elle et moi, on avait tissé des liens au-delà des mots, au-delà des souvenirs. MM2 a fermé les yeux et s'est calmée quasiment instantanément.

Est-ce le son de ma voix et mes mains posées sur ses cheveux qui l'ont ainsi calmée ? Possible. Mais l'histoire de la maman chat qui était partie chasser la souris, j'avais essayé de la lui raconter sur le même ton, et son trouble allait grandissant.
Après tout, peut-être MM2 n'aime-t-elle pas les chats...

7 commentaires:

CarrieB a dit…

Très joli récit! Les enfants ont souvent besoin des mains, caresses, câlins de leur maman, même quand ils grandisent et que parfois on n'ose plus en prendre l'initiative.
Et si en plus on leur parle à coeur ouvert, ils sentent tout l'amour qu'on leur porte et c'est le meilleur des remèdes à bien des maux!

Anonyme a dit…

Des mots pour passer outre des maux... Pour défaire les blessures secrètes et ignorées de soi-même, pour traverser l'espace-temps des souffrances. Des mots et des gestes aussi. Il n'est pas toujours facile pour nous, parents, d'accueillir les pleurs et les peurs de nos petits et de trouver le juste "lâcher-prise" (on y revient toujours ;-)). MM2 a de la chance !
Pisinglili

Mr et Mme Poulets a dit…

heu.. ce n'est pas vraiment en lien avec ton message(quoique..) mais j'ai trouvé ceci et je suis persuadée que tu vas aimer : http://www.tetedanslefour.blogspot.com/

ça va ça va, tu me diras merci en nature;)

Anonyme a dit…

Mme Poulet, tu pollues vraiment ;-) c'est une honte de taper l'adresse d'un blog pareil ! pfffff... Après, Cendrillon va encore s'hyperactiver, elle pourra pas s'empêcher... Et les MM's, tu penses aux MM's ???? Elles vont devoir TOUT manger ! Elles risquent les caries, la crise de foie la nuit (et c'est quand qu'elle va dormir, Cendrillon, hein ? quand elle aura lavé l'étage, les literies, les vêtements hein ??? En espérant qu'elle ne dérape pas dans l'escalier -c'est une spécialiste de la glisse, n'oublie pas..-). Bon, reste le Prince charmant, qui, j'en suis certaine, en profitera un max (et après, ça ronfle et ça sort pas les poubelles, ahhhh les zhoms !!!)
Mme Poulet, y a des choses a ne pas faire !

Mémère Cendrillon a dit…

CarrieB, Pisinglili, je vais rester sur vos mots, parce que je ne trouve rien à rajouter, sinon que c'est bon aussi de donner.

mme Poulet, je sens poindre l'idée de me faire essayer des trucs afin que tu puisses y goûter, accessoirement, le temps que ton four chaleur tournante full option soit installé dans ta cuisine de rêve, c'est çaaaaa ???

Pisinglili, sors de ma tête ! :-)))

Anonyme a dit…

J'adore ce genre d'histoires parce que c'est vrai que nos enfants comprennent des tas de choses quand on leur parle de cette façon.. et surtout quand on "ose" le faire (trop de mères sont faussement pudiques parfois) la main dans les cheveux et tout et tout ça le fait mais c'est sûr que les mots ont été importants...

Mémère Cendrillon a dit…

Carole, trop de mères ne savent pas à côté de quoi elles passent...
Des bises