vendredi 14 décembre 2007

Mots doux

Tous les soirs, juste avant de me coucher, je dois me faire une injection d'insuline. La solution à injecter est trouble, il faut absolument la mélanger avant de l'injecter.

Je me revois, il y a des années maintenant, face à une infirmière du service de diabétologie d'un grand hôpital bruxellois. Cette femme avait pour mission de recevoir les nouveaux patients et leur apprendre à gérer leur maladie, en pratiquant plusieurs injections quotidiennes et en adaptant leur régime alimentaire.

Je n'ai eu aucun mal à comprendre comment je devais me nourrir, pourquoi certains aliments m'étaient interdits et quelles seraient les conséquences d'un écart. Mais lorsqu'il a fallu passer aux choses sérieuses, comprenez s'injecter de l'insuline, une grosse bouffée d'angoisse m'a fait éclater en sanglots. J'étais confrontée à la seringue, alors que je tombais dans les pommes à chaque prise de sang. Je réalisais enfin que mon quotidien allait être différent, plus contraignant. Je devais lâcher prise.

L'infirmière connaissait son discours par cœur, on le sentait bien, elle récitait son texte, telle une mauvaise institutrice. Je séchais mes larmes en l'écoutant consciencieusement, presque religieusement. Passer à l'acte fut difficile, ma main tremblait, refusait de m'obéir, les larmes qui coulaient sur les cuisses m'empêchaient d'y voir clair.

Les premières injections se sont faites à l'écart, je devais me concentrer, réfléchir, ne pas me tromper, me calmer, respirer, et vaincre cette peur de me piquer. Quelques semaines plus tard, je me piquais dans le bus, dans le métro, au restaurant, bref, partout, en un dixième de seconde à peine.

L'infirmière m'a montré comment mélanger une des insulines. Je la vois encore faire des grands gestes de bas en haut, et de haut en bas, 10 fois de suite. Ma tête suivait son mouvement de bras et j'ingurgitais les recommandations.
Aujourd'hui encore, instinctivement, je répète les mêmes mouvements pour bien mélanger le produit. Hier soir, le Prince m'a demandé si je comptais m'inscrire dans un club de majorettes…

Aaaah, y'a pas à dire, cet homme-là, il sait parler aux femmes…

6 commentaires:

Anonyme a dit…

T'as pas répondu que tu t'étais déjà inscrite, mais dans un club de boxe? Non mais!!!

Anonyme a dit…

Merci pour le sourire de la fin! j'imaginais bien la scène! Je suppose que quand on n'a pas le choix on s'y fait mais je me demande quand même comment moi j'aurais fait... ça me paraît impossible là comme ça... je comprends mieux certaines choses lues ici...

Mr et Mme Poulets a dit…

J'avoue.. pour avoir été parfois obligée de me piquer moi-même que c'est très difficile..

L'infirmière m'a laissé une seringue et une aiguille et m'a conseillé de m'entraîner.... sur une patate!!! Et je me revois dans mon divan à piquer ma bintje ;)

Excellent quand même ce prince!
bizz

nathalie a dit…

Merci pour ce Blogue...
J ' ai passé de beaux moments ...
Je reviendrai certainement .

Anonyme a dit…

Mais il a raison, tu devrais t'inscrire, puisque tu as déjà le mouvement !
;-)
(Attention, ne pas faire tournoyer la seringue, hein...!)

Mémère Cendrillon a dit…

Elastigirl... Non, bien sûr, je l'ai laisser savourer sa blagounette, tu penses !!! :-)))

carole, rien n'est impossible, on se découvre de tas de ressources quand on est dos au mur...

Mme Poulet, tes piquouzes, je les connais aussi, et je vais te dire un truc, elles n'avaient pas le même goût, elles avaient le goût sucré de l'avenir, de l'espoir et de l'aventure, mêlé à l'amer de l'injustice, du risque, de la probabilité... Le coup de la papate, dinguissime... !!! :-))))

Nathalie, Bienvenue !!!!

Je rêve, ouais, d'ailleurs, depuis le temps que je dis que je dois me remettre au sport !! :-))

Bises