jeudi 24 janvier 2008

Et si...

Si un jour, la police, les urgences, le Prince ou un parfait inconnu devait m'appeler me disant qu'il est arrivé "un accident" et que mon enfant y a perdu la vie, je pense que le temps s'arrêterait tellement la douleur serait forte. A l'état d'hébétude succèderait le long processus de deuil, et le terrible réapprentissage de la vie, de la reconstruction après m'être trouvée éparpillée en mille morceaux.

Quand un tel "accident" survient, quoi de plus normal de chercher le responsable, d'essayer de comprendre comment les choses se sont produites, comment les minutes, les secondes se sont passées, qui a fait quoi, qui n'a rien fait, qui aurait pu faire. Qui ? Pourquoi ? Comment ? Les personnes incriminées sont-elles toutes coupables, sont-elles toutes des criminels aux yeux de ces parents amputés de leur chair ?

Si je me pose cette question, un jeudi soir de janvier, c'est parce qu'il s'en est fallu de peu, de juste quelques millièmes de secondes sans doute pour que n'arrive cet accident hier, et que ma vie aurait pu basculer en un millième de seconde du côté des "criminels".

Je m'en sors avec une immense frayeur, pas une égratignure, pas de tôle froissée, rien. N'empêche, j'y pense encore. Mon cerveau se remémore le déroulement des événements au ralenti et au lieu de revivre la réalité, je verse dans "ce qui aurait pu se passer". Et si, pour éviter ce type qui ne m'avait pas vue, j'avais foncé dans cette poussette ? Et si ce mouvement brusque et de l'ordre du reflexe, de l'instinct, avait fait de moi "une chauffarde sans nom" ?
Evidemment, "avec des si, on met Paris en bouteille".

Autant j'ai l'intime conviction de pouvoir rebondir d'un deuil aussi terrible que la perte d'un enfant, autant la vision d'un enfant inconnu mort sous mes roues, suite à une erreur d'appréciation, un réflexe quelconque, un accident banal me conduit vers un état de torpeur sans nom. Moi qui ne cultive pas la culpabilité, je pense ici que j'en ferais mon unique plat jusqu'à la fin de mes jours.

Aussi, s'il devait arriver un terrible "accident" à l'une de mes princesses, j'imagine pouvoir être réceptive à la douleur des personnes incriminées, pour autant qu'elles la manifestent, et accepter que la notion d' "accident" ne revêt aucune logique, aucune préméditation, si ce n'est la perfectibilité de l'être humain.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Dis-toi que dans la poussette...il y avait juste des canettes de bière !

Kheyliana a dit…

attention ma grande ...
ma grnd-mère disait qu'à force de penser négatif, on vire déprimé

positive, il n'est rien arrivé, et c'était avant-hier donc pas de soucis, c'est fini !

Anonyme a dit…

oh bah j'avais pas vu ... c'était donc toi la chauffarde?? ;p je plaisante, mais tu as du avoir une belle peur.
Décidement, on n'est pas préparé à vivre autant dans la peur de nos petits..... allez.. avec des SI on serait riches, belles, et nos enfants seraient parfaits :)
ah bah... flute, c'est déjà le cas au pays de Cendrillon et consoeurs ;)
gros bisous et bon WE, ne te bile pas trop!

CarrieB a dit…

Ce sont sans doute des épisodes comme celui que tu as vécu qui nous poussent à réfléchir et relativiser, à s'apercevoir aussi de l'absence totale de logique du jeu de la vie.
L'idéal étant bien sûr de ne jamais se trouver ni en position de "criminel", même involontaire, ni en position de victime!
Y a plus qu'à croiser les doigts, ou faire des incantations vaudoues, ou s'enfermer à triple tour en ne faisant plus rien!

Anonyme a dit…

Pas facile d'aborder un tel sujet, beaucoup de mamans dont je fais partie y pensent souvent sans oser en discuter parce que parler de choses négatives qui ne sont pas arrivées ça fait mauvais genre... Quand je pense à ça, je suis en vrac alors j'évite mais la vie de tous les jours m'y ramène régulièrement... et si c'était moi et si c'était mon enfant? oui, avec des si on mettrait Paris en bouteille mais les pensées existent et sont là, on ne peut pas toujours les nier...
Bises

Mémère Cendrillon a dit…

Pépère Bruxellois : mouaaaahahaha, tu me fais bien rigoler. La prochaine tête à couettes que je croise, j'essaierai d'imaginer un pack de cannettes à la place ! :-))

Kheyliana, je ne pense pas que ce soit "penser négatif" que d'imaginer ce qui aurait pu se passer; je pense qu'il s'agit d'une manière très naturelle d'évacuer un stress. Bienvenue par ici !

Khalam, oui, je confesse, je roule souvent un peu au dessus des limitations, mais suis pas une chauffarde ! :-))) je fais tjs très attention !

CarrieB : je choisis de croiser les doigts, de faire des tresses, de jurer en hongrois, bref, tout, mais aps de m'enfermer : j'ai une légère tendance à l'hyperactivité, vois-tu ! :-)

carole, tant pis si "ça fait mauvais genre", on peut aussi partager des pensées un peu plus sombres, sous le coup d'une émotion, d'une frayeur, comme tu dis, on ne peut pas les nier. D'avoir couché les mots, pffff, ben ça a bien fait redescendre la tension. Alors rien que pour ça...

Des bises à tous