Elle vient tout juste de partir, après nous avoir écouté pendant 2h45.
Elle, c'est une étudiante en psycho, toute jeune, qui travaille sur son mémoire de fin d'études.
Lorsque j'ai vu son annonce sur Internet, j'ai d'abord hésité, puis j'en ai parlé au Prince, puis je l'ai contactée. Notre profil pouvait l'intéresser. De fait.
C'est bien sûr la première fois que je réponds aussi ouvertement à une petite annonce sur Internet. Que je communique mes coordonnées à une parfaite inconnue, que je la reçois chez moi. Quelques échanges par e-mail et le tour était joué.
Elle est arrivée simplement, avec un look d'étudiante. Elle semblait intimidée et bafouillait un peu à son arrivée. Nous nous sommes installés et elle nous a dit comment elle désirait organiser le travail. Ce soir, elle allait nous écouter lui raconter comment nous avions géré 5 longues années de Procréation Médicalement Assistée et 5 fécondations in vitro avant de faire de nous officiellement des "parents". Elle a guidé l'entretien par des questions qu'elle avait soigneusement préparées. Elle nous a ensuite écouté lui raconter l'arrivée de MM2, la grossesse, le questionnement, les angoisses.
Je me suis retrouvée très émue face à elle, à lui livrer cette partie si compliquée de notre vie, de me rappeler cette souffrance, ces émotions diverses, les deuils, mais aussi d'écouter le Prince parler, lui qui parle peu.
Raconter nos enfants à travers ces épreuves, raconter le désir, la colère, le chagrin, l'espoir, l'attente, raconter les autres, les mots qui blessent, les trahisons, raconter le lien, si fort, qui se tisse peu à peu autour de nos histoires, raconter notre famille, tout bêtement.
Cela fait bien longtemps que j'ai jeté toutes les ordonnances pour hormones en tous genres. Cela fait bien longtemps que je ne vis plus avec cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, mais il m'arrive souvent d'y repenser, avec beaucoup de recul, à cette époque difficile.
Et cette certitude : d'être celle que je suis aussi grâce à ce parcours. Certes j'y aurai laissé de nombreuses plumes, mais il me suffit de caresser doucement mes têtes de brunettes pour savoir que j'aurais signé, les yeux fermés, pour 5 autres années pour savourer ces instants.
5 commentaires:
Ce devait être un bien beau moment :)
Quel courage, mais en même temps, quel espoir pour celles qui devront passer comme toi à travers ça ... je n'avais pas droit aux FIV et aux hormones, j'ai fait 6 fausses couches, et 5 curetages, et ils m'ont enlevé tout espoir le 13 novembre 2007.
une amie et collègue va faire le même chemin que toi, dans 2 semaines c'est la FIV, je penserai fort à elle !
Tout est dit à la fin... Tout ça pour le plus beau "ça" du monde... Je trouve ça bien de raconter son histoire même si c'est émouvant et pénible de revivre les mauvais moments, ça soulage, ça libère et parfois on prend conscience de choses enfouies et on découvre l'autre aussi... Bises
Encore en chemin, en pleine galère, les pieds dans la boue,je ne peux pas encore te comprendre quand tu dis "j'aurais signé, les yeux fermés, pour 5 autres années pour savourer ces instants."
Mais j'imagine, quand les choses tournent bien... J'espère simplement pouvoir en dire autant un jour...
Quel était le thème exact de son mémoire? C'est intéressant de se pencher sur le sujet. Si ça pouvait aider à ce que nous soyons mieux compris, au plus profond de nos doutes et de nos angoisses.
Bises Cendrillon, et des bisous à tes MM aussi.
Une autre guerrière de la fiv que tu reconnaîtras.
Que dire sur ce billet plein d'émotions ? Tes réactions vives me replongent évidemment dans mon contexte, différent du tien, loin de la PMA, mais pourtant très proche par l'aspect "violent" de la Nature humaine, cruelle parfois. Souvent. Mon étudiante à moi est devenue une amie, nous nous sommes senties très proches très vite et faire part de son ressenti par rapport au deuil, à la souffrance et à soi n'est pas anodin. Quant à signer à nouveau, évidemment ... jamais pour moi! bisous, phil
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