"Chendo ? je ne sais pas, poulette, t'as entendu ça où ?"
"Mais làààà, tu viens de le dire à MM2 !!!"
Il m'aura quand même fallu quelques secondes pour appuyer sur la touche REW de mon cerveau fatigué et me souvenir que je disais à à MM2 "Tu me fais bisquer crescendo, toiiiiiii !"
Quelques minutes plus tôt, alors que je surveillais mes épinards frais cuire avec une pointe d'huile d'olive et quelques bonnes gousses d'ail (en me demandant s'il allait m'en rester après la cuisson, tellement le volume avait diminué), en vue de préparer une délicieuse quiche, MM2 s'était pointée en haut des 2 marches qui mènent à la cuisine :
"Mamaaaaannnn !!!!???!!!"
"Oui, chérie ?"
"tsé tsé"
J'avais compris. Elle avait sa tête de "bon-bon", celle qui sait qu'elle a 80 % de chances de se prendre un NON, et qui, du coup, rajoute la carte "séduction" à la demande. Afin de faire durer le plaisir, je fais donc semblant de n'avoir rien compris. Faut dire, elle murmurait ...
"Je n'ai pas bien compris, ma belle, il va falloir parler plus fort"
"tsé-tsé"
"Allô, que dis-tu, maman n'entend rien ... !"
De fait, maman est sourde, elle bat les oeufs en omelette, déroule la pâte feuilletée toute faite et la colle au fond du moule, et assaisonne le tout. Cette phase certes simple requiert une attention particulière, parce que c'est à ce moment précis que les épinards se perdent dans leur jus, qu'il faut égoutter le tout et ajouter un bon fromage de chèvre, avant de joindre les oeufs au mélange chèvre-épinards, et de verser le tout dans le moule.
Mais MM2 tient bon, elle est du style coriace : "Mamaaaaannn, tsé-tsééééééé".
Les "s" diminuent, elle a abordé la phase "attention maman, je vais crier très fort, et tout le monde va se retourner, OK ?"
"Chérie, tu veux pas attendre 5 minutes ? Regarde, Maman doit préparer la quiche, c'est bon tu sais, tu viens voir ? Tu veux pas m'aider à verser les oeufs dans le moule ?"
"Naaaannnnnn, téter !!!"
"Pas tout de suite louloute, maman doit d'abord préparer le repas !"
Et chlan. MM2 pas contente, grosse crise, je me jette par terre, la tête dans mes bras et je verse de grosses larmes de crocodile, et je hurle "téteeeeerrrr, téééééééteeerrrrrr" de plus belle.
Il a fallu que je trouve de quoi l'occuper, à savoir, touiller dans le plat, mettre ses mains dans les oeufs, goûter, casser un oeuf que j'avais oublié de ranger, et trouver très amusante la texture gluantissime du blanc d'oeuf qui gisait près de sa coquille.
Alors, oui, MM2 m'a fait "bisquer crescendo", mais je me suis bien gardée d'illustrer mon ras-le-bol à MM1, qui se régale de répéter mes expressions à qui veut l'entendre, entre 2 "qui a pété, ça sent la chicorée, un, deux, trois, ça sera pas toi, qui a ..."
"Ma fille, "crescendo", ça veut dire "augmenter graduellement", "de plus en plus fort", tu comprends ?" Mais elle avait déjà replongé dans son dessin animé de princesse, tant ma définition n'était pas aussi "imagée" qu'elle l'aurait souhaité.
La quiche ?
Un délice, MM2 en a redemandé, se fendant d'un "mmmmmmmmmm" décapant à chaque bouchée !
1 commentaire:
Morte de rire! j'ai la même tête de bonbon à la maison, tout pareil avec les mots qu'on entend pas et le sourire ravageur... Ah ces crapulettes d'amour!
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