Ces absents morts, on a parfois tendance à les garder au fond de nous, soit qu'ils nous hantent encore la nuit, soit que le temps a effacé les traits de leurs visages et le souvenir flou et cotonneux qui se dégage alors risquerait de fausser nos pensées.
Ces absents morts, lorsqu'on arrive à en parler sereinement, arrivent à retrouver une place de choix au sein d'une famille, une place aimante, remplie de douceur, une place sublimée aussi, où seuls les sourires et l'amour dominent.
Mais il y a les autres. Les absents vivants, ceux qui ont choisi de s'éloigner, de tourner une page sans vraiment le dire, de prendre des distances en mettant des kilomètres, beaucoup de kilomètres, comme si l'éloignement physique aidait à poser certaines barrières.
Ces absents-là, quelle place faut-il leur donner ? Quelle place peut-on seulement leur donner ? Celle des morts, ou celle des vivants ? Lorsque l'absence vient noircir un ciel bleu, lorsque l'attente devient si épuisante qu'on voudrait juste tuer l'absent pour cesser de souffrir, la violence ne peut laisser place à des mots sublimés.
La place du choix. Se dire que le dernier acte d'amour est de respecter le choix de l'autre : laisser la distance se faire et ranger les images dans une boîte bien fermée. Accepter les non-dits, la fuite en avant, les promesses non tenues, des paroles de plus en plus distantes, de plus en plus rares.
Mais comment expliquer tout cela à une petite fille de 3 ans et demi qui réclame son grand-père, comment lui dire que sa vie est ailleurs, alors que des dizaines de papys font des pirouettes de bonheur de tenir leur petite-fille dans leurs bras à la sortie de l'école ... comment lui dire qu'il ne reviendra pas, ne changera plus, ne pourra plus rattraper tout ce temps qui passe ... comment lui dire que le dessin qu'elle a fait pour lui, il ne le regardera certainement pas ?
Comment accepter que mon chagrin l'atteigne, elle, qui n'y est pour rien ?
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