jeudi 25 septembre 2008

Le rouge, avant le vert ou dans le verre ?

Hier, au lieu de me prendre la tête sur le clic droit et les tabulations avec mes ouailles, je me suis évadée dans un Salon professionnel, où tout était beau, brillant, avec par-ci par-là, la touche glamour qu'on aime poser sur le métier de "management assistant".

Elle était partout et nulle part, flottant dans les airs, cette icône superbe, cette fille trilingue et plus si affinité, ortho irréprochable, très bonne bureauticienne, qui jongle parfaitement avec les tableaux croisés dynamiques et les masques powerpointiens, qui est belle même quand elle n'a pas dormi parce qu'un moutard a décidé de se taper la gastro du siècle, toujours maquillée à la pointe du couteau, coiffée comme si elle avait le temps de se faire the brushing au réveil.

Elle, elle sait tout faire, c'est le bras droit du boss, c'est elle qui devine tout, prépare tout, on lui balance tout, et pouf, elle règle tout, avec le sourire, bien entendu. Elle, elle anticipe tout le temps, elle connaît par cœur les fuseaux horaires et deale avec les gros clients en attendant que son manager termine son lunch avec son pote du tennis, elle décide des prochains business gifts à offrir à Noël, et trouve toutes les solutions pour que le planning soit booké parfaitement, sans privilégier l'un, sans dénigrer l'autre.

Hier, dans ce Salon professionnel, il y avait des learnshops. Et celui auquel j'ai assisté était tout simplement génial. Pour faire court, il s'agissait de considérer, aux côtés du fameux QI (quotient intellectuel) et du plus récemment adopté QE (quotient émotionnel), le QP, le quotient physique ou corporel.

Le lien avec le monde du sport est crucial. L'accent était mis non plus sur les performances, mais sur ce qui fait qu'un athlète gagne une compétition ou un match. L'idée était de mettre en évidence la manière dont on doit gérer son corps quand on le met sous pression, et de dire qu'on peut lui demander énormément d'efforts, mais qu'il faut aussi lui permettre de récupérer.

Le formateur a ensuite comparé le corps à un compte en banque (tout de suite, j'ai bien visualisé). Dans le vert, les dépôts, les sources d'énergie, en rouge, les dépenses d'énergie sous tension. Le message était le suivant : peu importe ce qu'on dépense, le tout est qu'il y ait suffisamment de dépôts. Ce n'est pas l'excès de rouge qui peut être fatal, mais bien le manque de vert.

Aussi, on distingue 7 sources d'énergie. Outre les indispensables "bouger, manger-boire-lumière et dormir", on trouve les contacts sociaux, la satisfaction psychologique (reconnaissance, nouveau challenge etc.), les détentes, actives ou passives, et l'humour.

Pendant que le formateur parlait, j'analysais mon état. Certes, je tire très souvent, trop souvent dans le rouge, mais en faisant la somme du vert, je trouvais que finalement, ça s'équilibrait pas trop mal. Je bouge tout le temps, je mange le plus souvent possible sainement, je manque un peu de lumière et un peu trop de sommeil, mais je suis une source intarissable de nouveaux défis en tous genres, je m'auto-satisfais en reconnaissant tous mes mérites, et ce chaque jour (dit-elle en se frottant les ongles sur le revers de sa veste …), j'ai des contacts sociaux épanouissants, des détentes (je peins des murs, je blogue, je regarde même la StarAc'), et j'ai ma dose de fous rires quotidiens, surtout au boulot.

Au palmarès des détentes, je positionnerais quand même la cuisine. J'adore bricoler dans mon frigo, dans mes placards, dans mes casseroles et surtout, j'aime goûter le résultat. La cuisine, ça me détend. En pensant au schéma du learnshop, cuisiner devenait pour moi une source de récupération.

Aussi, l'autre soir, je m'activais pour tout terminer avant de partir au cours d'aqua-gym, il me restait le pain à faire pour le lendemain. 2 paires de mains s'accrochaient à mes habits, et 2 bouches pleurnichaient des "mamaaaaannnnn" sur toute la gamme. Je n'avais pas d'autre choix que de les faire participer à la confection du pain.

La farine dans le bol, j'ai demandé à MM2 de la mélanger, le temps que j'aille poser le lait, et de prendre l'huile. Sa grande sœur voulait elle aussi mélanger, mais c'était sans compter sur la petite qui avait déjà chopé le bol de l'autre côté et criant "à ma, à ma" comme si un énorme monstre allait le lui arracher des mains.

J'avais juste envie que la mise en route du pain se fasse le plus vite possible, sans hurlements, sans cris, sans disputes.

Et le bol est tombé, projetant de la farine un peu partout, sur les vêtements, le sol, le plan de travail. Ce soir-là, j'ai pas récupéré du vert, j'ai vu rouge en moins de deux. J'ai tellement hurlé sur la petite que c'est la grande qui a eu peur et qui a foncé chez son père.

La détente active est devenue l'enfer, ma montre résonnait dans mes oreilles, je me suis trouvée la Reine des Courges à être pleinement consciente du "faites ce que je dis, pas ce que je fais".

Installée au volant de ma voiture, encore contrariée par cette course effrénée vers la piscine (tiens, il paraît que c'est une détente, on se demande pour qui), je me suis dis que j'allais carrément me mettre au rouge, ça m'évitera de conduire, de me réveiller la nuit pour des doudous tombés sous le lit, je cuisinerai plus, je ne m'énerverai plus, je danserai sur la table, en chaussettes et en tutu, et quand j'aurai terminé ma chanson, je tomberai d'un sommeil de plomb.
A bon entendeur…

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonne idée ça, et c'est toi qui ronfleras, et c'est lui qui te demandera de te retourner, et c'est lui qui entendra les enfants en premier. Il devrait y avoir des "Wine party" réservées aux femmes, au même titre que les soirées "Tupperw" ou autres jouets sexy, et à nous de décider combien de rosé, de rouge ou de pétillant acheter... et consommer!!! Révolution!

Anonyme a dit…

Ah toi aussi tu te réveilles pour chercher "doudouuuuuuuuuuu"!
C'est fou comme parfois une situation simple dégénère et on se demande toujours pourquoi c'est arrivé alors que tout allait bien... mais c'est sans compter les ressources de nos chéries!
Il faudrait essayer au moins une soirée de se mettre au rouge et raconte nous!

Anonyme a dit…

rire jaune....
OMG!!

CarrieB a dit…

Le cocktail antibiotiques/cortisone/douleur insoutenable que je teste depuis une bonne semaine aide aussi à relativiser : plus la force de crier ou de m'énerver, mais les enfants ont quand même pitié de moi!

Anonyme a dit…

le corps comme compte en banque ? une idée universelle à retenir :))
et le programme vert qui vire au rouge...hélas un programme quotidien difficile à zapper :(
moi j'élude en parlant du vert...qui peut tourner limite au violet :)