Un jour, il y a quelques années déjà, un verdict sans appel est tombé concernant ma santé. J'étais atteinte d'une maladie chronique, dont je ne guérirais probablement pas.
Les 48 premières heures furent difficiles, les larmes ont coulé, l'ordinateur a surchauffé, et Internet m'a aidé à comprendre les tenants et les aboutissants.
Puis, les larmes ont disparu, parce que les larmes, ça soulage sur le moment, mais ça n'aide pas plus que ça, et moi, j'avais besoin d'aide, mais surtout, j'avais besoin de comprendre pourquoi, pourquoi moi, là, maintenant.
Et pour mener à bien cette démarche, j'avais besoin de toute ma lucidité, et pas de mes larmes. Très vite, j'ai compris que je n'entrais pas dans toutes les cases, et la médecine avait beau me lorgner avec des yeux bourrés de certitudes, je sentais bien qu'il y avait une faille dans mon histoire.
En fait, il y a pleins de failles. Les pros ont beau me sortir graphiques, courbes et littérature, je sais, moi, dans mon corps, ce qui a causé la maladie. Comme si je l'avais en moi depuis toujours et qu'un traumatisme l'a réveillée. Je sais, moi, ce qui s'est passé.
Mon ostéopathe me dit que je devrais remettre le doigt sur cet événement, aller chercher cette cause à coups de larmes, de bide tordu de douleur et de souvenirs enfouis. Mais je n'en suis pas encore là. Je sais juste ce qui a provoqué le réveil, je n'ai pas dit avoir digéré l'événement, je ne suis d'ailleurs pas sûre d'avoir envie de le digérer. Digérer, c'est accepter, c'est penser au repas suivant. Or, ce genre de repas, je passe mon tour...
Bref, ma maladie, je vis bien avec. Elle et moi, on partage tout. Elle me supporte, je la supporte, sans trop de difficulté. C'est au plus une contrainte, mais je trouve que je m'en sors finalement bien. Assez bien pour l'oublier, de temps en temps.
Mais elle ne m'oublie pas. Agissant comme un détonateur, elle me rappelle, à chaque souffrance morale importante, qu'un jour, "un truc" s'est réveillé. Elle me rappelle que parfois, même quand on a dit ce qu'on avait à dire, ça laisse des traces, des traces dans mon coeur, mais aussi dans mon corps.
Là, j'ai les boules. Vivre avec elle, c'est une chose. Qu'elle essaie de prendre le pouvoir, pas question. C'est qui le chef ?
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