vendredi 7 septembre 2007

Malaise

Assise sur le muret du parking de la cour d’une petite école d’une petite commune d’un petit pays minier, une petite fille, qui devait avoir 5 ans tout au plus, me regardait, les yeux tristes.

Ce mardi, c’était distribution de vivres après l’école. Peu à peu, les gens sont arrivés, les sacs vides, ils se sont mis en rang, docilement, face à la petite porte sur le côté de l’école. A 17 heures, la porte s’est ouverte, la distribution a commencé.

La petite fille aux cheveux blonds comme les blés, au visage tout pâle, presque transparent, et aux yeux gris, me fixait, en attendant que ses parents aient fini de charger les sacs de nourriture. Son visage était sale, ses mains noires, ses vêtements usés.

L’école est située dans la rue où habite la femme à qui je confie mes enfants pendant la journée. Je sortais de ma voiture, qui loin d’être un carrosse, devait y ressembler, aux yeux de cette enfant aux cheveux blonds, aux yeux gris, au visage et aux mains sales.

J’ai eu du mal à regarder la misère en face. Parce que, dans l’éducation que j’ai reçue, on détourne les yeux quand on n’a pas envie de voir. Mais là… cette enfant avait besoin que je la voie.

Une espèce de boule est venue se loger au creux de mon estomac de privilégiée, et j’ai eu envie de la prendre avec moi, bêtement, de la laver, de lui peigner ses cheveux blonds comme les blés, de voir une petite flamme de vie dans ses yeux tristes, j’ai eu la nausée de penser que tous les enfants n’étaient pas aussi choyés que les miens.

Dans l’éducation que j’ai reçue, on juge aussi très facilement, aussi facilement qu’on détourne les yeux, d’ailleurs. Pourquoi faire un enfant quand on ne peut même pas subvenir à ses besoins, pourquoi être égoïste à ce point, pourquoi ne pas le confier, pourquoi, pourquoi et pourquoi…

Mardi, je me suis fait violence pour ne pas me poser de questions, d’accepter juste d’être triste et non révoltée, et de me dire que les parents de cette petite fille aux cheveux blonds et aux yeux gris, sont certainement, à ses yeux, les meilleurs parents du monde, même pauvres, même sales, même seuls.

On vit dans une drôle de société.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Juger, non.
Mais qu'est-ce que se sent impuissant, et privilégié...

Mémère Cendrillon a dit…

*gros soupir*
oooooh oui...

Anonyme a dit…

Pour l'avoir déjà vécu, je sais que c'est terrible... tant de tristesse dans leur regard...
Mais aussi pauvres que ses parents puissent être, elle est peut être aussi aimé que nos enfants, et c'est ça encore le principal.
Pffff j'ai moi aussi une boule dans le ventre maintenant :((