jeudi 25 octobre 2007

Flash back

Cendrillon quitte une ville pour une autre. La distance qui sépare ces 2 villes n'est pas énorme, mais ici, tout est loin, tout est long, tout dure longtemps. Le train est vieux, il avance lentement, les bancs sont sales et inconfortables mais s'assoir après avoir attendu tant de temps est bénéfique aux muscles engourdis et au moral éreinté.

Et puis, il fait -15 °C en ce début d'après-midi. Le soleil ne va plus tarder, bientôt il fera nuit. Il faut rentrer, le froid va s'intensifier. Cendrillon trouve une place assise près de la fenêtre. Les derniers rayons de soleil sont pour elle, ils viennent illuminer son visage, et réchauffer son coeur.

Cendrillon est fatiguée, et ce faible apport de chaleur lui fait fermer les yeux et lui font revivre cette journée intense en émotions.

La neige était tombée la nuit dernière et au petit matin, elle avait pu voir, derrière le carreau de la fenêtre du salon de sa logeuse, le splendide spectacle d'une ville recouverte d'un épais manteau blanc. Elle s'était habillée chaudement, et avait avalé un petit-déjeuner riche en protéines et en féculents, la route allait être longue, par un temps pareil.

Elle ne se souvenait pas du temps qu'avait duré le voyage aller, tellement l'angoisse de se tromper de chemin la tenaillait, elle se souvenait qu'elle était descendue du train, qu'elle avait attendu qu'il reparte et avait découvert, au fur et à mesure que le train s'en allait, devant ses yeux, l'endroit où sa grand-mère qu'elle n'avait pas connue, était née. Une centaine de mètres à parcourir avant de pouvoir toucher le lieu du bout des doigts. Une trentaine de minutes de marche dans une neige épaisse et profonde.

Elle avait fait le tour de l'endroit et s'était recueillie pendant 3 petites heures, elle avait cherché trace du passage de cette femme qu'elle aurait adoré connaître, elle avait regardé chaque mur, chaque plaque commémorative, avait cherché les archives, avait questionné toutes les personnes prêtes à l'écouter et était repartie des images pleins les yeux, comme les pièces d'un puzzle qu'elle n'arrivait pas encore à assembler.

Sur le chemin du retour dans ce train qu'elle connaissait maintenant, elle voulait profiter d'un moment de répis pour regarder ces pièces une à une et essayer de les assembler. Elle posa son coude sur le rebord de la fenêtre et vint déposer son oreille contre sa main, elle dut lutter contre le sommeil.
Elle faisait mine de ne pas voir les enfants aux dents noires qui la regardaient d'un air bizarre, elle qui semblait avoir si froid et eux qui semblaient si peu habillés. Elle aurait bien voulu répondre aux questions que leurs yeux posaient, mais elle était obnubilée par les pièces du puzzle d'une histoire familiale riche, mais compliquée.

Le soir, épuisée, avec l'aide de sa logeuse, elle déchiffra chaque lettre, chaque caractère, chaque petit point de couleur pour essayer d'assembler au moins les 2 premières pièces. Il y avait, ce soir-là, une présence dans la pièce qui ont fait que Cendrillon et sa logeuse se sont retrouvées à 3, le temps du souvenir d'une femme partie trop tôt.

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