jeudi 11 octobre 2007

Les banques alimentaires

Avec octobre s'en vient les collectes pour les banques alimentaires. Des bénévoles rappellent aux gens, à l'entrée des supermarchés, qu'ils récoltent des denrées alimentaires pour les plus démunis.

L'action est belle et sert. Elle est aussi nécessaire, dans une société où les disparités sont de plus en plus marquées, où riches et pauvres partagent la même place de village. C'est ainsi que la bénévole de mon supermarché va me répéter son laïus durant plusieurs semaines et comme les autres années, je vais finir par lui dire le fond de ma pensée.

Il y a quelques années encore, le client généreux "à qui on ne forçait pas encore trop la main" pouvait déposer n'importe quelle denrée de son choix, il prenait un paquet de pâtes ou de riz, une boîte de raviolis ou de thon et tout le monde était content. Aujourd'hui, les articles qui intéressent les banques alimentaires sont clairement indiqués dans les rayons : on voudrait telle sorte de pâtes, ce carton de lait, cette marque de café.

L'année dernière, je me suis rendue au supermarché avec MM2, alors encore toute petite. La bénévole, charmante, m'accroche et utilise l'excuse du "bébé tout mignon" pour me sensibiliser aux très grandes difficultés que rencontrent des tas de jeunes mamans. Le temps de poser quelques questions à madame Charité et j'apprends que les banques manquent cruellement de petits pots, de laits de croissance, de compotes de fruits, de biscuits et gâteaux pour tout petits.

Elle m'annonce que ce serait "vraiment super adorable gentil tout plein acte magnifique" de prendre quelques unes de ces denrées à leur attention. Je n'ai qu'à me rendre dans le rayon bébé et regarder quelles sont les marques "choisies".

Je me suis fait un régal, un plaisir sans faille de rappeler à cette femme qu'une pomme de terre, une courgette et une tranche de jambon revenaient à terme, certainement moins cher que des petits pots tout faits de marque. Elle m'a donné raison, mais m'a aussitôt expliqué que des toutes jeunes femmes avaient beaucoup de mal à préparer un repas, même tout simple, et encore plus de difficultés à cuire un légume pour leur enfant. Avec le petit pot, au moins, on était sûr que l'enfant ait correctement à manger.

C'est pas l'Unicef qui disait "donne-lui un poisson, il mangera un jour, apprends-lui à pécher, il mangera toujours" ?

Bienvenue au pays de l'assistanat.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

oui tu as raison mais je suppose que stocker des fruits et des légumes c'est plus compliqué que des petits pots... et vu le prix des fruits et légumes aujourd'hui (en France en tout cas) il faut avoir des moyens pour nourrir correctement son enfant... mais par contre, le coup des marques ça me hérisse aussi parce que justement si je peux, je préfère choisir ce que je veux donner, non mais!
carole

Anonyme a dit…

je me suis fait la meme reflexion l'an passé.
Je me suis retenue d'ailleurs de dire que l'allaitement c'était super moins cher que les préparations lactées à 17€ la boite... mais on m'aurait taxée de materneuse integriste, ce que je ne suis certes pas.

Par ailleurs, lorsque j'ai voulu proposer mes "surplus" de fringues et jouets, on m'a rétorqué : ah non, on ne veut pas s'enquiquiner avec ça...

bah non hein... charité bien ordonnée commence par... s'ordonner!

Restons zen

Anonyme a dit…

Je n'ai encore jamais remarqué qu'il y avait des marques "fortement conseillées". Soit que je fais mes courses le tête en l'air (et il y a plein de petits z'oiseaux dans les hauteurs de supermarché !), soit... je ne sais pas !
Toujours est-il que je prends que ce que je décide, ah mais. Je veux bien qu'on m'oriente sur un type de produit si c'est ce qui manque justement, mais la marque c'est moi qui choisis !
Et pis quoi encore ??!!

Anonyme a dit…

A propos des marques à donner en ces circonstances je me suis toujours posé la question suivante : vaut-il mieux donner des produits premier prix (de moindre qualité mais en plus grande quantité) ou des produits plus chers, voire de marque (parce qu'après tout ce n'est parce qu'on n'a pas les moyens de les acheter qu'on ne les apprécie pas ou qu'on ne les mérite pas, non ?).

J'ai posé la question une fois, et la réponse fût particulièrement acerbe.

Je suis repartie avec mes bocaux de confiture Bonne Maman qui contiennent plus de fuits que de sucre.

Mémère Cendrillon a dit…

Carole : c'est vrai, tu as raison, les fruits et légumes sont chers, mais franchement, 3 pommes de terre, 6 grosses carottes et 2 courgettes, cuire, mixer, congeler, ça te fait l'équivalent de combien de petits pots ? Parce que certains sont vachement chers, je trouve. Et vu les quantités de viande qu'on peut donner à un bébé, c'est pas la mort non plus, avec un blanc de poulet, on tient facilement 10-15 repas. Le discours de la bénévole était de dire que c'était effarant de voir les toutes jeunes mamans qui débarquent sans avoir aucune notion de cuisine, même simpliste. Les marques, ça m'enrage ...

Khalam, toi aussi, on t'a regardé de travers quand tu veux donner des trucs encore impeccables ? Une de mes collègue est très engagée dans une paroisse et quand je l'écoute raconter ce que certaines personnes se permettent (critiquer des bodys Petit Bateau légèrement grisâtre par exemple, et carrément les refuser), je me demande vraiment dans quel monde on vit.

Je rêve, oui, ici, dans mon petit supermarché de campagne, c'est comme ça, aucune obligation bien sûr et bénévole souriante, sympathique (toujours la même) et des tas de grosses flèches rouges vers un produit "utile pour les banques alimentaires".

Dominique, ouch, comme je te comprends, je l'ai déjà posée cette question, de nombreuses fois, parce que je continue à faire un geste chaque année. Mais c'est dit, d'ici quelques années, quand les filles seront en âge de se passer de moi et seront autonomes, je pense organiser des "ateliers pour ces jeunes mamans", leur apprendre le B.A-BA, cuisine, courses etc.
Plutôt que donner parfois à contre coeur, je pense que ce serait plus utile...

Pfffff

anne a dit…

Je suis 100 000 fois d'accord avec toi! Les petits pots hyper chers pour dépanner de temps en temps, c'est bien pratique, mais imaginer qu'une maman qui ne travaille pas et qui ne boucle pas ses fins de mois n'imagine que cette solution! L'ONE organise des tas d'ateliers, qui ont un succès fou, particulièrement chez les mamans sans emploi... Pour les tout petits enfants. Pourquoi ne pas organiser ce genre d'atelier pour la préparation de repas??? Je pense que, quand on ne travaille pas, on perd très vite le fil avec la réalité; la mentalité d'"assisté" vient toute seule; je suis persuadée que j'aurais très bien pu me retrouver dans ce genre de schéma si j'étais née à Dampremy de parents chômeurs et alcooliques. Je voudrais tant que l'on donne à ces personnes des vraies solutions, de vrais moyens pour s'en sortir, de se resocialiser, de retrouver l'estime d'eux-mêmes, de parvenir à la fierté d'être des parents "comme il faut"!
anne

Mémère Cendrillon a dit…

Anne, welcome here !!! Ne jamais oublier que dans un petit pot, on paye aussi le prix de tous les additifs et le conditionnement !
Bref, c'est qu'il faudrait en changer, des choses, des mentalités surtout...

Anonyme a dit…

Perso, je crois que c'est un deal entre la grande distribution et les banques alimentaires.
Ma théorie :
1) La marque X de chocolat donne par exemple 25 palettes de chocolat gratos à la banque alimentaire
2) Le magasin accueille les bénévoles et les logos des banques alimentaires gratos
3) La marque de chocolat X obtient un "label" en magasin pour pousser à l'achat avec une marge plus importante pour le magasin

Total : tout le monde gagne et la pompe à fric fonctionne bien !