jeudi 20 décembre 2007

Trampoline

Lorsque mon chef se pointe dans mon bureau, avec un grand sourire et une voix enjouée, et me pose, l'air de rien, mine de tout, une question d'une apparente banalité, je n'ai pas beaucoup de difficulté à deviner qu'il se trame un nouveau projet ou qu'une complication va venir perturber les plans initialement prévus.

Lorsque le Prince me donne qu'une demie information au sujet d'un événement prochain, je n'ai pas besoin de le questionner davantage, je crois toujours connaître ses intentions.

Lorsque mon corps me lâche au moment M où j'ai absolument besoin de lui, je sais exactement quel neurone a disjoncté et se venge sur quel organe. Même si je refuse de l'avouer, je mène ma barque plus souvent sur la houle que sur le ruisseau, mais je la tiens des 2 mains, histoire de ne pas la lâcher, histoire de rester le maître à bord.

Je n'ai pas lâché ma barque depuis des années. Et même si souvent les forces m'ont abandonnée, même si la tempête me faisait reculer au lieu d'avancer, dans l'obscurité la plus totale, il y a une seule chose qui m'a fait tenir bon, à agripper cette barque des 2 mains : l'anticipation.

C'est bien cette faculté d'anticiper qui m'a toujours fait entrevoir une suite meilleure, des temps sereins, des flots plus calmes, des lendemains radieux.

Mais l'anticipation a ce côté négatif qu'elle me colle la vision de la chute avant qu'elle n'ait eu lieu.

Depuis quelques semaines, MM1 et MM2 partagent un moment de complicité intense en sautant sur notre lit, comme 2 puces folles. Le petit jeu consiste à sauter quelques fois et puis se laisser tomber sur le lit. Ca les fait hurler de rire.

Jusque là, l'histoire est mignonne, mais ce que mon oeil parvient à voir en temps réel, c'est la chute de l'une d'elle, la tête contre l'arrête de la garde-robe, c'est MM1 qui s'écrase violemment sur MM2, c'est leurs 2 têtes qui se choquent... Ces visions me gâchent évidemment le plaisir de les voir tant s'éclater.

Cela fait des jours que je cherche une solution pour savourer ce moment magique avec elle, afin qu'elles puissent en profiter en toute sécurité et que je puisse ne pas venir les parasiter avec mes angoisses trop rationnelles pour 2 petites filles de leur âge.

C'est chose faite ce soir.

Mon dieu, c'était bon, quel fou rire, quel sentiment de liberté...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Et toi t'es pas tombée hein, à faire la fofolle !? ;)
Chapeau pour la tenir bien fermement, la barre, souvent chez moi elle m'échappe des mains, j'y mettrai peut-être du grip quand j'aurai des enfants ;)

Anonyme a dit…

Je pense que nous sommes toutes pareilles.
Parfois, j'ai des visions d'horreur, j'imagine sans arrêt le pire. Lorsque, comme chez toi, ils sautent sur le lit, lorsqu'ils descendent trop vite les escaliers, lorsque nous sommes sur le trottoir, lorsqu'un d'entre eux est malade, lorsqu'ils mangent des bonbons et même quand mon aîné de 13 ans s'amuse à rattrapper des cacahuètes...
Comme si la mort rôdait sans cesse prête à nous attrapper au moindre tournant.
J'en ai discuté avec d'autres mamans car je me demandais si je ne devenais pas folle...

Apparemment non, c'est très courant chez les mamans...

Anonyme a dit…

Ouf j'ai eu peur avant d'arriver à la fin!
moi aussi je m'imagine des horreurs et j'en pleure... le comm de Pisinglili me rassure un peu... car j'ai aussi l'impression d'être cinglée alors que tout va bien... pour l'instant!!