jeudi 10 janvier 2008

La rupture

J'ai toujours pensé qu'il existait 2 types de rupture : la rupture "à chaud" et la rupture "à froid".

"A chaud" lorsqu'on claque la porte, sur le coup de la colère, de la tristesse, de la déception, de l'humiliation, quand les mots ne peuvent plus réparer, lorsque le regard de l'autre devient insupportable, lorsque sa voix fait monter en nous une violence qu'on ne se connaissait pas, partir, fuir, éviter à n'importe quel prix devient alors la seule issue possible.

Lorsqu'on se retrouve face à un mari, une épouse, un enfant, un parent, un tout proche qui nous dit froidement qu'il part, que rester est impossible, qu'il veut sa liberté comme s'il vivait emprisonné à nos côtés, c'est une douche glaciale qui nous tombe dessus, nous coupant littéralement l'herbe sous le pied, nous faisant tituber de surprise et d'effroi, devant une décision qui semble si mûrement réfléchie.

J'ai toujours pensé, naïvement, que la rupture calculée, préparée, réfléchie, aussi justifiée soit-elle était certainement un acte qui rendait vite précaire une situation personnelle, vu la complexité des sentiments des protagonistes d'une histoire : l'abandon, la tristesse, le désarroi face à l'enivrement à l'aube d'une nouvelle vie, au courage d'avoir osé franchir un pas qu'on se préparait à faire depuis plus ou moins longtemps.

Claquer la porte relevait, jusqu'à présent, de la dispute passagère, du "pétage de plomb", du besoin de prendre un peu de recul, et se devait toujours se terminer par un happy end à plus ou moins court terme. Sans doute parce que dans mon petit cerveau, les grandes décisions prennent énormément de temps à mûrir.

Mais c'était sans vraiment réaliser la complexité des relations enfants-parents, surtout lorsque ces enfants atteignent le cap difficile de l'adolescence. Là où l'adulte ne voit que la raison, l'ado risque d'y voir un concept impossible à imaginer pour moi aujourd'hui. Concevoir qu'une rupture "à chaud" se termine froidement sur une décision sur laquelle notre enfant, celui qu'on a porté avec amour, qu'on élève encore, qu'on chérit toujours, ne veut pas revenir, fait partie de mes angoisses les plus pénibles.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

tiens.. c'est "amusant". Je pensais à ça hier soir, à la suite d'un reportage sur les jeunes SDF. Et l'angoisse soudain de me dire que peut etre un jour ma fille claquera la porte la porte de la maison.... bon, il parait qu'on a le temps. N'empeche que je trouve ça difficile... gros bisous

Mr et Mme Poulets a dit…

Mais Cendrillon,
Elles sont toutes ch'tites tes MM.
Et puis bon.. c'est quand même "rare"...
Vis au jour le jour, profite de ce moment. Inutile d'anticiper sur quelque chose qui ne se produira probablement jamais! Comme le dit mon poulet : "installe-toi confortablement dans les fauteuils du présent".
bizz

Anonyme a dit…

Mes deux grands arrivent doucement à cet âge "critique". Je n'ai pas d'inquiétude pour l'aîné mais ma foi,... je me dis déjà que le second serait capable de "ça" : partir en claquant la porte pour aller on ne sait où... quand j'y pense, je ne peux m'empêcher d'avoir envie de le serrer très fort et de lui dire que je l'aime, comme si, déjà, le temps venait à manquer... et je me souhaite de pouvoir toujours rester à leur écoute, et à me remettre en question... mais ça ne suffit pas toujours, hélas.
Bonne nuit

Mémère Cendrillon a dit…

Khalam, c'est ce reportage qui m'a rendue un peu "sombre", et m'a permis d'entrouvrir une porte où c'est plus gris, moins noir, moins blanc, mais bcp plus gris...

Mme POulet, Oui, bien sûr, elles sont minus, mais bon, je me projette, que veux-tu ? :-)

Pisinglili, tant que le dialogue subsiste, on peut penser que le pire est évité, que la porte reste ouverte, mais pfiouuuu, c'est dur d'y penser hein ?