jeudi 21 février 2008

Deux étoiles

Cendrillon s'assit sur une des marches du perron, replia ses jambes tout contre sa poitrine et enserra ses genoux de ses bras, comme pour fabriquer un oreiller imaginaire sur lequel elle déposa sa tête devenue trop lourde par les mots du Miroir qui résonnaient encore en elle.

Cendrillon ferma les yeux et se mit à compter les étoiles, le coeur au bord du vide. Elle avait besoin de se raccrocher à une activité tangible, réelle, mécanique pour ne pas éclater en sanglots.

L'espace d'une visite au Miroir, à qui elle avait voulu se confier, elle avait réalisé qu'un point final en plein milieu d'une phrase restait un point final en plein milieu d'une phrase. Peu importe la respiration qu'on reprenait, peu importent les mots qui allaient suivre, peu importe l'intonation, peu importent les 4 années passées depuis cet arrêt brutal.

Rien ni personne ne pouvait rien y changer. Le point resterait indélébile à tout jamais. Aucune fée, aucune baguette magique ne pouvait réécrire l'histoire. Cendrillon l'avait bien compris. Elle cherchait par contre un remède intemporel qui aurait anesthésié la douleur de ces parents privés de leur chair, elle voulait endormir la peine, panser la plaie, mais en vain.

Deux petites filles auraient dû fêter leur 4e anniversaire. Février les a emportées.

La nuit est tombée. Cendrillon rouvrit les yeux, elle avait froid. La lune se décrochait sur l'épais rideau foncé, deux étoiles scintillaient...

4 commentaires:

Kheyliana a dit…

on ne s'en remet jamais ... malheureusement. J'ai décidé de me faire aider, on verra
je suis de tout coeur avec toi

philippine a dit…

Je confirme... on ne s'en remet jamais, même si la douleur s'atténue, et si tout doucement le soleil sur la peau est de nouveau agréable. Merci pour cette délicate, oh combien touchante, attention et pour ta présence. Tout mon courage à l'autre maman, sincèrement, phil

Mr et Mme Poulets a dit…

Parler de ces enfants, les faire exister autrement..
Je ne sais pas pourquoi la vie se montre parfois si cruelle.
J'embrasse très fort les mamans endeuillées.

Anonyme a dit…

tu m'as fait une douce et immense surprise miss cendrillon.

en fait j'ai même du mal à trouver les mots pour te dire à quel point je trouve ce texte magnifique au delà même du sujet.
alors je vais simplement te dire MERCI en espérant que même au travers du clavier tu arrives à imaginer mes yeux humides et ma voix tremblante en le prononçant...
milie