Septembre 2000.
Je suis tombée.
J’ai été giflée, frappée, humiliée.
Je gis au sol, incapable de me relever.
Mes jambes sont comme anesthésiées, mes bras comme ankylosés, ma tête est lourde, j’ai du mal à ouvrir les yeux, j’ai l’impression qu’une fanfare défile entre mes oreilles, un sifflement continu qui ne s’arrête plus.
J’ai envie de pleurer, mais la pression exercée sur mon thorax m’empêche de libérer les larmes. J’ai envie de crier, mais il me semble qu’un chiffon placé au fin fond de la gorge m’empêche de parler. Je voudrais bouger, mais rien n’y fait. Je suis clouée par terre, vissée au macadam.
Je voudrais me réveiller. Voir un visage humain, souriant, compréhensif qui me rassurerait, qui me dirait que je vais plonger dans un sommeil profond et me réveiller sans cette douleur terrifiante qui a gagné tout mon corps.
Mais personne ne vient.
Je suis tombée.
Je dois me relever toute seule.
Faire face.
Encaisser.
Devenir des ovaires.
Oublier la femme.
Faire taire la mère qui sommeille en moi.
Bienvenue dans le monde de la PMA.
4 commentaires:
Dur...
phil
Je peux un tout petit peu m'imaginer ton parcours... il y a longtemps, j'ai commencé le même dans une autre vie et le peu que j'ai fait était déjà bien dur... j'espère qu'aujourd'hui même si tu en parles souvent, tout ça n'est qu'un mauvais souvenir dix mille fois compensé par tes deux merveilles... Bises
Ce parcours, même si je le referais sans aucune hésitation restera gravé en nous. Là, je me suis replongée dedans, certainement du fait d'aider cette étudiante en psycho. Je ne ferai jamais partie de celles qui veulent tout oublier, ou faire comme si la naissance des filles avait tout effacé. Ce parcours a fait aussi de nous les parents que nous sommes... Et c'est aussi pour cela que je ne me résous pas à l'appeler "mauvais souvenir".
Quelle ambiguïté, n'est-ce pas ?
J'évoquais cette semaine avec l'étudiante le sentiment de solitude, de torpeur face aux nouvelles, souvent mauvaises, qui s'enchaînent, cette impression que les choses se figent, se cristallisent, et l'entourage, que l'on voit différemment.
Bref, ma "complainte" trouve son origine dans ce souvenir...
Merci pour vos petits mots !
Des bises
ça valait la peine :) ça marque une histoire et ça transforme, indéniablement. quel héros ne souffre pour se transformer ? et être parent, c'est un peu devenir héros..(bon c'est vrai je lis bcp de bds, mais je pense souvent à cette idée quand j'ai une souffrance à supporter :))
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