samedi 5 avril 2008

La marée efface les pas dans le sable

J'ai eu la chance de ne jamais manquer de rien. J'ai grandi dans un foyer heureux, uni et respectueux.

Mes parents nous ont transmis des valeurs, ont échangé leurs points de vue, ont essayé de faire de nous des êtres responsables.

Il suffit de regarder mon parcours, il suffit de me regarder dans le miroir pour me dire qu'ils ont réussi. Que leurs enfants sont des adultes responsables, autonomes, complètement différents les uns des autres, mais tous lancés sur le chemin d'une vie telle qu'ils auraient pu la leur souhaiter.

Je pourrais donc, les yeux fermés, me reposer sur cette expérience d'enfant pour me guider aujourd'hui, dans ma vie d'adulte. Je pourrais poser mes pieds dans les traces laissées par les pas de mes parents et suivre le chemin, parce que finalement, il n'est pas si mauvais que ça.

Pourtant, la jeune adulte que je fus en a décidé autrement.

J'ai eu la chance de ne jamais manquer de rien. J'ai grandi dans un foyer heureux, uni et respectueux.

Derrière cette effarante normalité, la petite fille que j'étais ne s'est pas trouvée. Elle n'a manqué de rien, mais sentait pourtant un immense vide au fond d'elle-même. Elle n'a manqué de rien, et n'avait, finalement, rien du tout.

Ni confiance, ni image réaliste d'elle-même, ni estime de soi. Un jour, elle s'est perdue.

Les traces des pas laissés par mes parents ont été effacés. Ils ont marché sur du sable et non dans du béton. L'eau les a emmenés, et quelque part, c'est tant mieux.

Devenir mère dans des conditions quelque peu difficiles n'a pas ébranlé ce choix de ne pas suivre le chemin de mes parents. Il l'a au contraire renforcé. Sans guide, je me retrouve souvent dans le noir et je dois attendre quelques temps avant que mes yeux fassent le point et s'habituent à la nuit, me permettant d'avancer, doucement, certes, en me tenant un peu pour ne pas tomber, mais d'avancer quand même.

Bien sûr je doute. Mais qui ne doute pas en matière d'éducation ? Je doute mais je continue d'avancer, posant mon pied dans une chape de béton, et j'attends d'être sûre que l'empreinte soit prise avant d'envisager le pas suivant.

Je ne suis pas pressée. Je ne veux rien regretter. Et si je me trompe, et si je me goure, je veux comprendre, et alors seulement, je briserai les empreintes de mes propres pas.

Tourner le dos à l'éducation qu'on a reçue pour en réinventer une autre, non pas pour s'inscrire dans la révolte, mais pour trouver la paix, pour renaître, pour exister, enfin.

3 commentaires:

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…

Contrairement à toi j'ai manqué de beaucoup mais je me retrouve pas mieux lotie finalement! Mais pareil, ce que je sais, c'est que je ne vais pas donner ce que j'ai reçu mais ce qui me semble que j'aurais du recevoir et là je ne crois pas me tromper... pour le reste, des erreurs j'en ferais car j'avance masquée, sans repères mais l'instinct est déjà un bon repère...

Anonyme a dit…

.....
un silence pour réponse ça te va?

juste pour te dire que je te comprends tellement bien ....

BIses

Khalam