Ne jamais subir, et ne jamais renoncer, si ce n'est par choix, par conviction, pour tourner une page trop douloureuse. Affronter les mots, cisailler les maux, débroussailler les lianes pour avancer, sachant que je pourrai me relever, même à la millième chute.
Mais parfois, la roue ne tourne pas. Elle s'est encrassée au point de se bloquer. On a beau l'huiler un peu, la nettoyer parfois, elle restera en l'état, avançant péniblement, et s'arrêtant souvent, trop usée, trop peu entretenue, aussi.
Bien sûr, si la roue était moins lourde, moins "chargée", elle avancerait mieux, elle bloquerait moins, mais il est des bagages dont on ne se sépare pas, qu'on porte en nous malgré nous, qui font notre histoire, heureuse ou malheureuse.
Cette femme n'avance plus. Sa roue ne tournera plus. Je n'ose faire le bilan de son histoire tellement sa vie est misérable, triste, et cruelle. Je l'écoute me raconter, par bribes, son enfance, son histoire de mère, avortée au bout de 2 ans, le jouet qu'elle est devenu entre les mains d'un homme manipulateur et destructeur, puis d'un second, d'un troisième, comme si, inlassablement, l'histoire devait se répéter et la roue se bloquer, au même endroit, comme si elle n'avait pu éviter, contourner, repérer l'obstacle, qui se présentait, énorme, devant elle.
Comment fait-elle pour sourire encore, elle qui a reçu tellement de coups, qui porte tellement de blessures, comment fait-elle pour y croire, pour nous aimer autant, elle qui n'a jamais rien reçu. Comment faire, nous, pour recevoir tout cet amour contenu depuis des années et des années, sans nous sentir piégés, sans nous sentir envahis, nous, qui avons appris à vivre sans elle ?
Elle qui ouvre sa fenêtre à la mouche envahissante, là où je prends de quoi l'éliminer sur le champ, elle qui a placé confiance et amour dans la nature et les animaux, là où je crois en l'homme, en son esprit, en son discernement, comment faire pour que nos deux êtres s'accordent, se retrouvent autour de mes enfants, de ses petits-enfants ? Comment lui donner pleinement sa place de grand-mère, elle qui fut privée de son rôle de mère, et qui porte cette blessure au quotidien, blessure qui ne cicatrisera jamais tout à fait ...
3 commentaires:
j'ai les larmes parce que cette histoire est aussi la mienne même si pas tout à fait pareille mais moi c'est fini, plus de chance de donner une place... j'aurais bien voulu essayer pour ma fille... Bises
wouh, tu m'as bien remuée là...!
je n'ai pas ce vécu, mais dur de te lire.....
j'espère que bientôt la roue pourra tourner, qu'il ne soit pas trop tard
Garder espoir, quoiqu'il arrive.
Papsy
Merci pour vos petits mots. Ma grande difficulté est d'accepter que parfois, même si la personne se relève, elle ne marchera plus comme avant, et qu'il est vain de vouloir la faire courir. Elle boite, mais elle marche, c'est déjà ça.
Bienvenue Papsy !
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