jeudi 11 septembre 2008

Au revoir, à bientôt ...

Vous est-il déjà arrivé de vous retourner et de chercher Albert et Josiane du regard, de ne point les trouver, de demander autour de vous où ils étaient, et d'entendre "Josiane et Albert ? Ils sont partis, y'a 20 minutes environ…" et de vous trouver penaud, à vous dire "ben ça alors, ils auraient quand même pu me dire au revoir"?

Vous est-il déjà arrivé d'être sorti de la vie de quelqu'un, qui en un seul jour, vous raye de son carnet d'adresse sans un mot d'explication, vous laissant le cœur plein d'interrogations, l'âme en peine ?

Vous est-il déjà arrivé de penser qu'un simple coup de fil peut vous annoncer le pire et que malgré votre course effrénée, vous arriviez trop tard au chevet de celui ou celle qui fait battre votre cœur depuis des mois ou des années, et réalisiez que le matin même, vous vous étiez quittés sans vous embrasser, sans vous dire au revoir, fâchés ou simplement trop pressés ?

Même si l'intensité de la séparation n'est point comparable entre les trois situations décrites ci-dessus, je continue de m'interroger sur les "au revoir" que nous échangeons avec nos enfants.

Pourquoi penser qu'ils ne sont pas capables de comprendre la séparation, ni de la gérer correctement? Pourquoi se cacher pour partir, pourquoi attendre qu'il ait le dos tourné, pourquoi zapper cette minute de tendresse où on se dit "au revoir"?

Par crainte des pleurs ?
Cette même crainte qui nous fait fuir les personnes endeuillées.
Ce joug sans nom qui fait qu'on n'accepte pas, ou mal : voir les gens pleurer; cette gêne qu'on ressent à les consoler, préférant les laisser seuls dans les larmes plutôt que d'offrir une épaule, un bras, une oreille du moins.

Allons, ne pleure pas, Maman va travailler, elle va revenir. Cette phrase anodine qu'on accepte de répéter 2 fois se transforme vite en mais enfin, arrête de pleurer, tu me casses les oreilles à la fin !

Oui, mais.
Si je doute qu'un enfant comprenne réellement l'obligation du travail, je sais par contre qu'il peut mieux accepter la séparation lorsqu'on laisse la place pour ses larmes.

Prends-le sur tes genoux et écoute ses larmes. Toi, tu sais que rien de grave n'est arrivé, toi, tu sais que sa maman reviendra. Lui, il est triste, et demande juste qu'on reconnaisse sa tristesse, au lieu de l'étouffer sous des mots d'adulte.

MM1 me disait au revoir hier soir, lorsqu'à l'heure du coucher, je quittais la maison pour mon cours d'aquagym. Elle a ajouté une petite phrase qu'elle aime me dire lorsque je pars sans elle : Fais bien attention maman, ne fais pas d'accident.
Quelques mots qui me prouvent qu'elle a tout compris, qu'elle sait que je peux partir, qu'elle sait qu'on peut être séparées et que malgré tout, on pense l'une à l'autre, dans ses mots d' "au revoir", il y avait des milliers de "je t'aime".

MM2 pleure dès que je quitte la maison, elle pleure beaucoup, et l'envie est grande de fuir le bruit et de me retrouver à l'abri dans ma voiture. Mais jamais sans lui dire où je vais et surtout que je vais revenir lui faire un bisou dans son sommeil.

Je ne pourrais pas profiter de ma liberté avec le même goût d'absolu en ayant fui mes enfants. Je pars avec les oreilles pleines de larmes, mais avec la certitude que ma fille saura gérer mon absence bientôt.

Je continue donc à m'interroger sur la confiance que l'enfant met en ses parents, est-elle réellement inconditionnelle ? A-t-on toujours confiance en ses parents, a-t-on d'office confiance en eux, juste parce qu'ils sont nos parents ?

Je n'y crois pas.

Je me revois, enfant, me retourner pour embrasser mes parents, et ils avaient déjà disparu. Sans dire mot. Envolés. Moi et mon chagrin, on s'est construit sur l'angoisse de l'abandon.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très beau post...
Je pense qu'un enfant as confiance jusqu'au moment on la trahit... même sans le vouloir genre je viens te chercher et puis j'ai un empêchement...
Nina pleure tous les matins à l'école mais jamais je ne pourrais partir en catimini même si c'est hyper dur pour moi de la voir pleurer...
Et à chaque fois que je ne lui ai pas dit correctement au revoir car ça peut arriver dans la précipitation, je m'en rends compte et je m'en veux (mais j'en fais peut être un peu trop je ne sais pas!).
Bises

Anonyme a dit…

oups la faute "un enfant a confiance"... je suis allée trop vite!