jeudi 27 août 2009

Sex, drugs and rock 'n roll

Elle tira la chaise et s'y assit, ou plutôt, s'y laissa tomber. Lasse de voir sa vie s'effilocher à ce point, elle posa doucement son front contre la table et se mit à pleurer.

Il était parti, lui laissant tous les meubles et même la maison.

Ce n'était pas tant l'idée de rester seule avec ses fils adolescents qui la rendait triste, c'était le poids des traditions, c'était le jugement de ses parents pourtant décédés mais qu'elle sentait malgré tout, c'était cette pression terrible de l'émigration qui l'empêchait de penser qu'elle puisse ne pas exceller dans ce qu'elle faisait.

Et là, elle venait d'échouer.

Lorsqu'elle avait compris que son mari s'était laissé éconduire par la voisine, elle avait cherché par tous les moyens à cacher leur relation. Elle savait depuis longtemps qu'épouser un homme de 12 ans plus jeune qu'elle poserait des problèmes, mais elle aimait les défis, et se savoir trahie n'était pas ce qui pouvait arriver de pire.

Le pire, ce serait l'échec. 

Son fils ainé avait découvert la relation qu'entretenait son père et la voisine. Il avait 16 ans et à cet âge-là, une conception assez romantique de l'amour. Son père les avait tous trahis et il n'avait eu d'autre réflexe que faire les valises de son géniteur et le foutre à la porte.

Il avait organisé la fuite de son père, fuite que celui-ci n'espérait même plus.

Le fils ainé quitta la maison peu de temps après, portant le poids de cette décision qui avait brisé sa mère alors qu'il pensait défendre son honneur. Il partit s'engager dans la marine marchande, et ne revint qu'épisodiquement. Il finit même par trouver un emploi dans le pays d'origine de sa maman, lui qui avait si longtemps maudit les coutumes et la religion qu'elle avait voulu inculquer à ses enfants.

Il s'était anesthésié, très vite, à force de fuir et de se taire.

Puis, il s'était marié, et avait annoncé son mariage à sa mère une fois que celui-ci avait eu lieu. Il l'avait tuée une 2e fois. Elle avait encore une fois échoué, mais n'avait rien dit. A quoi bon ? Il disait l'adorer, mais l'avait évincée de cette journée qu'elle pensait être une journée importante dans la vie d'un homme. Elle se contenta de penser que son fils l'adorait.

Elle se mit à rêver de petits enfants, mais le cancer se généralisa et l'emporta en quelques mois.

Le fils, quant à lui, bâtit sa vie sur des fausses valeurs familiales, pleura un peu sa mère, puis l'idolâtra. Il reprit contact avec son père quand sa fille de 4 ans lui ordonna de connaître son grand-père. 

Le père, lui, a fêté ses 50 ans de vie commune avec la voisine. Au moins, c'était pas du pipeau, cet amour-là.

Cette petite fille de 4 ans qui cherchait éperdument à connaître son grand-père, à défaut de pouvoir rencontrer cette grand-mère dont on parlait si peu, c'est moi.

2 commentaires:

Lola a dit…

Hélas, que les non-dits peuvent nous faire de mal !

Dnadryad a dit…

Oui, les non-dits...
Est-ce que ça a changé quelque chose ? Est-ce que désormais le souvenir de ta grand-mère existe dans la famille ?