Evidemment, MM2 est en pleine forme, elle a une voix de camionneuse, fait des puzzles plus vite que son ombre, adore réclamer des glaces au p'tit déj, et me faire croire que je lui ai démis le poignet en la portant alors qu'elle fait le mollusque et refuse d'avancer, clouée au sol.Globalement, elle ressemble à une poulette de 3 ans ("croizans") option très chiante et caractère prononcé et rien ne la distinguerait d'autres énergumènes de son genre. La seule chose qui contrebalance son côté démon, c'est sa tendresse infinie, et sa façon inimitable de se lover dans nos bras. Elle adore faire la sangsue et rechercher le peau-à-peau, le contact absolu.
Evidemment, si je vivais dans un pays sous-développé, il y aurait fort peu de chances que je sois maman aujourd'hui. Ca, je l'ai souvent entendu. Assorti d'ailleurs du fameux "tu les as voulus hein, tu les as eus !", résumant en quelques mots la complaisante débilité de certains, qui ne peuvent accepter d'entendre ni la plainte, ni l'humour, ni rien d'ailleurs, sous prétexte qu'il y a toujours pire ailleurs.
Je pense que tous les 23 août que j'aurai la chance de vivre seront empreints de cette terrible nostalgie, avec un soupçon de culpabilité d'avoir privilégié le médecin et non la maternité où allaient naître mes enfants.
Je me suis récemment entendue expliquer à mes filles que je ne voulais pas qu'on me coupe le ventre une troisième fois. Cela me rappelle une amie des années passées sur les bancs de l'université, qui, lorsque je lui avais demandé si elle avait des frères et des soeurs, m'avait répondu qu'elle était enfant unique, que sa mère restait traumatisée de son accouchement, et qu'elle avait beaucoup de mal à imaginer être la cause d'une telle souffrance. Elle-même ne voulait pas d'enfant.
Il n'y a pas si longtemps, j'ai raconté à MM2 les conditions dans lesquelles elle était née. Elle avait l'air de s'en taper royalement, mais je sais qu'elle m'a entendue. On en reparlera, c'est sûr, au détour d'un chagrin ou d'une grosse émotion. Il y a un an tout juste, j'évoquais ici même la force du lien qui nous unit, elle et moi. Cette année a été difficile pour nous, et nous nous sommes opposées maintes fois, mais si on me permettait de changer ses 25 premières heures de vie et risquer de perdre l'intensité du lien, je refuserais, convaincue qu'on construit sur des failles, sur des blessures, sur des moments de doute aussi bien que sur du bonheur lisse et des sourires sincères.
Ma fille, ne change rien. Prends tout ce que tu peux et on grandira, ensemble.
Bon anniversaire MM2 !
1 commentaire:
Même sans ventre coupé, 1 petite fille de croazan c'est difficile ! et puis ça passe, surtout en discutant et rediscutant...ah tiens la tienne aussi demande des glaces aupetit déjeuner...1 nouveau point commun avec chipounette :)
...j'ai eu une collègue fille unique dont la maman lui avait beaucoup parlé de son traumatisme d'accouchement...et elle aussi fille unique et célibataire à 40 ans...elle est en maison de repos à l'heure qu'il est...
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