Tout va bien

MM1 et MM2 jouent tranquillement dans le salon. Elles n'ont pas réclamé de film, elles semblent s'adorer et de bonne composition, prêtes à négocier les jeux, les poupées, les rôles. Tout va bien.

Mémère profite de cette accalmie pour s'évader dans sa cuisine, et tenter une toute nouvelle recette hautement risquée qu'il faut absolument rester près du feu.

Au bout d'une vingtaine de minutes, Mémère commence à stresser un peu : alors qu'elle aborde une phase cruciale de la recette, il lui semble entendre geindre ... elle tente la question débile : "ça va, les filles ?" et se rassure au son du double "oui" qui lui revient aux oreilles.

Ouf, on peut continuer.

Dix minutes plus tard, ça re-geint. Plus de doute, même que ça pleurniche clairement. C'est MM2, à coup sûr !

Mémère nie l'affaire. Impossible de lâcher la sauce du feu. Elle trépigne de désespoir, ne sachant quand exactement ses filles allaient pouvoir lui foutre la paix une toute petite heure sur toute une journée, sans devoir intervenir pour coups et blessures portés avec intention de nuire, afin de réaliser une tâche rien qu'à elle.

Sans nul doute, ça pleure, et voilà même que ça appelle "au secours", "à l'aide maman" et que flûte, tant pis pour la sauce, pour la recette, tant pis pour cette idée saugrenue de plat, zou, cuillère en main, vlà Mémère qui déboule dans le salon, énervée, et qui hurle presque :

- "mais qu'est-ce qui s'passe ici, bon sang ?"

... et qui s'entend répondre :

- "mais rien, on joue "à la maman et à la grande soeur", on te parle pas à toi !"
- "ah bon ? vous vous disputiez pas ?"
- "mais non, retourne dans ta cuisine et laisse-nous jouer !"

Penaude, Mémère retourna dans sa cuisine, ouvrit le tiroir et se consola avec un carré de Côte d'Or au spéculoos.