jeudi 12 août 2010

Finalement, hein ...

Faudrait vraiment prendre une loupe pour la voir, cette cicatrice.
D'ailleurs, je peux cuisiner des heures sans plus la sentir.
Je suis bien en train de l'oublier.
4 ans plus tard.
Enfin.
Et donc voilà, le temps passe et reste le meilleur allié des blessures de l'âme. Je me souviens du vertige qu'avait causé l'annonce de la précipitation de la naissance de MM2, de ce sentiment immense de gâchis qui s'était emparé de moi, de cette envie viscérale d'accoucher, de participer, d'être là, active, de cette terrible impression d'avoir été amputée vive et de sentir longtemps le membre absent.
Mettre des mots sur ce passage fut compliqué lorsqu'on vous assaille de bonnes intentions : "le plus important, c'est qu'elle soit en bonne santé", "oui, mais sans ça, t'aurais p'têt pas eu d'enfant !"
Oui, c'est vrai, merci le bistouri.
Merci les sages.
Merci les raisonnables.
Et les bien-pensants.
J'avais le filet de bave au bord des lèvres de lire la joie sur des visages où je ne voyais que l'échec, j'avais tant de mal à supporter les regards sur cette petite fille si chétive, si maigrichonne tant je la voyais encore "en construction".
13 kg plus tard, je me demande ce qu'elle a gardé de cette empreinte que j'ai eu l'impression de poser sur elle. Ridicule, hein. Pathétique.
Je la regarde jouer, se rouler par terre de colère, faire l'étoile de mer lorsque je lui parle de se doucher, hurler quand je démêle ses cheveux, je m'extasie des progrès qu'elle fait au quotidien, en dessin, en écriture, en motricité fine, je m'étonne de voir ses pieds si solidement ancrés dans le sol, je bous de l'entendre répondre "tu veux une tarte dans ta tronche" alors qu'on essaye gentiment de la réveiller, et vraiment ... j'en oublie sa naissance.
J'étais persuadée d'être devenue maman en portant mes enfants.
J'ai douté de ma capacité à les mettre au monde.
Ils avaient raison, les bien-pensants, mais ce n'était pas le moment.

J'aurai mis 4 ans, mais ça y est : je suis réparée.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ca fait un moment que je tourne, ferme, reviens, ré-ouvre la fenêtre de commentaires sans savoir quoi dire ni comment, alors je me contenterais d'un très bête:
Je suis contente pour vous deux.

Dnadryad a dit…

Ça, c'est beau à lire !!!
(et elle dit vraiment "tu veux une tarte dans ta tronche ?" quand on vient la réveiller, cette adorable princesse ?!! mouahaha... )

Dezelle a dit…

...^_