
Ils se séparent et rejoignent l'un sa femme, l'autre son chien. Ils se sont quittés sur la promesse d'une nouvelle rencontre, certainement un peu plus tard dans l'après-midi, afin de vérifier l'avancement des travaux, comme si quelques heures allaient changer le paysage.
Il faut être une mouche pour savoir ce que ce disent ces deux hommes. Ou bien connaître le fils de l'un deux pour se faire conter la teneur de leurs interrogations. Il faut avoir quitté la ville et aimer la nature pour accepter qu'elle nous parle, à nous, villageois.
Parce que ce nouveau quartier qui se construit, à pas de géant, c'est la juste réponse, à nos yeux, d'une demande des citadins de trouver des logements à prix raisonnables, au détriment de transports écologiques, et d'une qualité de vie plus grande.
Mais ces vieux, s'ils peuvent comprendre le recul des citadins dans les campagnes, s'ils se réjouissent de voir le village renaître et grandir au fil des saisons, s'ils sourient en voyant ces enfants courir et rouler à vélo sans danger, s'ils se plaisent à regarder de loin ces voisins tisser des liens étroits, d'amitié, de solidarité, d'entraide, ils ne comprennent pas pourquoi on construit des habitations sur des terrains où les vaches n'ont jamais voulu paître.
Ces mêmes vieux ne s'étonnent pas, eux, que des habitants d'un coin retiré du village soient tous morts subitement, alors qu'ils n'avaient pas 35 ans, parce que sur ces terrains-là, rien n'a jamais voulu pousser.
Ils en ont, des histoires du genre, de celles qui se racontent sans trop d'émotion, parce que c'est plus simple à comprendre qu'une équation du premier degré ou que l'accord du participe passé, parce que c'est la terre qui les a fait vivre, c'est cette terre qu'ils ont toujours écoutée et respectée.
Et les nonagénaires, eux, ont tous vécu là. On pourrait en tirer des droites sur le plan du village. On pourrait s'interroger et penser autrement.
On devrait écouter les vieux nous raconter leurs histoires.
Le coeur bienveillant.
Ouvrir nos yeux, et prendre le temps.
2 commentaires:
Eh oui, on devrait les écouter plus souvent nos anciens! Quand on est jeunes, on trouve qu'ils radotent, qu'ils nous gavent avec leurs histoires.
Mais avec un peu de recul, on se dit qu'il y a bien du vrai là-dedans, et que l'expérience de la vie apporte une certaine sagesse, alors ouvrons grands nos coeurs et nos oreilles!
Ça donne envie d'en apprendre plus sur ce village !
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