Leçon de crédibilité

Depuis début janvier, Mémère Cendrillon a changé de boulot. Elle a pris un tout petit grade et mouhahahahaaaaa, quelle bonne blague, se retrouve avec des emmerdes par-dessus la tête, dire qu'elle l'a voulu, tiens !

Soit. Passons. Un stagiaire (appelons-le Pluto), souvent absent le lundi, souvent en retard le matin et régulièrement malade le vendredi a réussi à rendre chèvre son formateur qui est pourtant d'une patience extraordinaire.

Je l'appelle donc dans mon bureau et lui demande moults justificatifs afin de mettre son dossier administratif en ordre. Difficile de justifier des pannes d'oreiller, des maladies-éclair, des lundis de fatigue. On en vient donc à discuter du fond du problème et très vite, il me faut revenir sur le règlement, sur l'attitude professionnelle, sur la maturité, sur la valeur du travail et patati, et patata.

Pluto me promet de faire des efforts et retourne auprès de son formateur, pendant que Mémère Cendrillon laisse une trace écrite de la mini-conversation échangée avec le stagiaire.

En 3 semaines, je rencontre Pluto 3 fois dans mon bureau, et j'en viens à me demander s'il aime venir me voir ou s'il attend vraiment de prendre la porte une bonne fois pour toutes. Oui, mais Pluto est un bon ouvrier, rapide et rigoureux, mais souvent ... absent, ou en retard.

Hier soir, j'arrive à la garderie récupérer les MM, et d'emblée, c'est un concert de chouinements qui m'accueille "mais non, maman, t'arrives trop tôt, j'ai pas fini mon dessin, ma peinture, mon bricolage ..."

J'essaie de les motiver : "vous venez avec moi à la pharmacie ? puis maman doit aller au magasin faire une toute petite course, allez, venez ... " Peine perdue, elles sont de mauvais poil, visiblement crevées par la journée.

A la pharmacie, je garde mon calme. Elles se baladent et testent tous les produits de maquillage (mais merde, pourquoi laissent-ils des machins pareils à hauteur des gosses !! ), je suis obligée de les rappeler 10 fois auprès de moi, mais j'ai encore l'impression de gérer.

Arrive le supermarché. Tout aurait bien pu aller si nous n'avions croisé Bambi, un petit copain de classe de MM2. Youhou, la fête ! Et vas-y que main dans la main, on court dans les rayons, puis on joue à cache-cache, waouw super l'activité du soir de ma mère !!! 

Pendant ce temps-là, MM1 s'est réfugiée au rayon DVD, et essaie d'en embarquer 3-4. De loin, je les vois, elle et son air malheureux, rappliquer avec ses trouvailles :

- Maman, je peux ...
- Repose ça immédiatement !

Faut récupérer MM2 qui fait sa vie avec Bambi, pendant que le papa de Bambi est occupée avec la dame de la boucherie. Sauf que Mémère, elle est déjà à la caisse, et dans moins de 3 minutes, c'est à son tour. Faut vraiment récupérer MM2, d'urgence.

Je tente un appel.

- MM2 ?! Viens tout de suite ! (pas de réponse)

Pas envie de hurler non plus, alors gentiment, je m'adresse à la dame derrière moi :

- Pardonnez-moi, madame, ma fille joue les prolongations à la boucherie avec son petit copain Bambi. J'aurais aimé avoir des bras extensibles pour la ramener, mais ce n'est pas le cas. Je reviens donc dans 1 minute maximum.

Le temps de récupérer la zouave qui se débat et nous offre une crise digne de ses 20 mois, même que ça fait longtemps qu'elle n'en avait plus fait une pareille ! Dans sa rage, elle tente le coup de pied et écumant de rage, me dit "dégage !"

J'ai cru faire un infar. Un vrai. Je l'ai empoignée, avec la douceur d'un rhinocéros et l'ai coincée sur l'épaule. Je lui ai murmuré d'une voix polaire qu'elle était punie toute la soirée, et que ça commencerait par le coin en rentrant à la maison. Elle s'est calmée.

A cet instant précis, vous pourriez vous demander quel est le rapport entre Pluto le stagiaire et la crise de MM2 au supermarché, hein ?

Hein ?

C'est simple, net et précis. A la caisse à côté de nous se trouvait Pluto qui souriait et quand il m'a reconnue, il a enlevé sa casquette et m'a saluée : "Bonsoir Madame !"

Je les aurais bouffées, mes filles. Bouffées tout cru.
Z'ont pas eu droit à l'histoire du soir. C'était ma vengeance à moi.