J'ai perdu ma grand-mère presque 3 ans avant son décès. Une maladie dégénérative avait atteint ses facultés mentales, et un jour, elle m'a appelée "Raoul" et m'a demandé de me pousser de son champ de vision, elle était sur le quai de la gare et attendait le train pour aller me chercher à la crèche, j'avais 2 ans et elle ne voulait pas arriver en retard. Ce jour-là, j'ai compris qu'elle s'était absentée de notre monde, qu'elle avait pris congé de nous. La communication était rompue à tout jamais. Assister à un tel déclin a été très pénible. Elle s'en est allée plus tard, sans surprise. Je me suis alors rendue compte que mon chagrin était réchauffé.
C'était mes grands-parents. J'en garde un souvenir empreint de douceur, de rire, et de partage.
Mes parents sont toujours vivants. Divorcés mais toujours en vie. Ils viennent à peine de passer le cap de la soixantaine et je suis forcée de constater que le chagrin que je ressens lorsque je pense à eux, a le même goût que le chagrin ressenti pour ma grand-mère. Avec en moins le souvenir agréable du passé.
Petit à petit, je m'éloigne de ces pôles destructeurs, aussi bien physiquement que mentalement. Entre la lâcheté et la méchanceté, j'ai choisi de fermer la porte, tout doucement, pour ne pas réveiller de trop vieilles blessures, certaines à peine cicatrisées...
1 commentaire:
Parfois, faire le deuil de ce qui ne sera jamais possible avec certaines personnes est encore plus difficile à faire que le deuil de ces instants passés avec des personnes chères....
Je pense bien à toi,
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