dimanche 3 février 2008

La bague au doigt

"Ma fille, bon sang, depuis que tu as des enfants, toi et le Prince ne faites plus rien, vous ne sortez plus, vous êtes d'un triste, d'un casanier, merde, la vie ne s'arrête pas ! Vous êtes jeunes, profitez-en !", m'a dit un jour ma mère.

Seulement voilà, ma mère ne conçoit pas qu'on puisse vivre sans aller au restaurant, et inviter des amis ou être invité chez eux ne relève pas de la sortie, à son sens.

Soit. Elle n'a pas tort en ce sens que nous ne sortons pas souvent. Mais nous n'avons ni ses moyens, ni sa disponibilité. Et après de très longs mois de nuits entrecoupées de plusieurs réveils, tétées-cauchemars-dents qui poussent-coq qui chante-loup qui veut me manger, m'endormir sur mon assiette n'était pas en tête du hit parade de la sortie idéale. Par contre, une nuit suivie d'une grasse matinée, sans enfant, avec une option "on ne les récupère qu'après la sieste le lendemain" aurait certainement évoqué un parfum de liberté et de passion.

Hier pourtant, nous avions décidé de sortir, en amoureux, pour fêter nos 6 ans de mariage, hu hu hu. Mémère, en femme relativement organisée, s'était occupée de réserver un resto dans lequel elle avait déjà mis les pieds il y a quelques années, mais sans le Prince, et y avait fort bien mangé, du reste. Dans son souvenir, l'ambiance feutrée et le décor cosy se prêtaient admirablement bien à l'événement. C'est donc simplement qu'elle demanda une "table pour deux".

Lorsque les enfants furent en pijama, que la tétée et les instructions pour le repas, le sirop, le doudou, le rituel du couché furent donnés à la gentille marraine de MM2 venue les garder, il était déjà tard, mais tant pis. Notre table nous attendait, dans une salle que je devais ne pas avoir vue lors de ma première visite, salle à l'ambiance nettement moins feutrée, à la déco peu cosy, grouillante de groupes venus fêter je ne sais quelles retrouvailles. Là, une table, entre deux autres. A côté d'un couple de sexagénaires venus dîner en compagnie de "Ma chérie", petit bichon blanc plutôt agé au poil un tantinet jauni. Nous avons donc dû subir l'incessant va-et-vient vers son écuelle de fortune de viande découpée en petits morceaux et sa "maman" qui se réjouissait que "Sa chérie" mange si bien.

Une fois acceptée l'idée que nous dînerions assez prêt d'un couple inconnu, qu'on pouvait suivre leur conversation sans tendre l'oreille, que le spectacle d'un bichon affamé allait nous faire sourire, mais aussi "rire jaune" tant le tableau était d'un romantisme effréné, nous avons dû subir, en cascade, de la viande pas cuite, du vin au goût d'un mauvais vinaigre, c'est dire, et l'absence des desserts commandés : il n'y en avait plus. Et la serveuse n'a rien trouvé de plus classe que de nous apporter "les restes" sur une assiette. Sans parler du serveur qui a tenu à goûter le vin, le trouvant "comme d'habitude".

La proximité des clients du restaurant ne nous permettait assurément pas de parler passionément, ni même de tirer un quelconque bilan de ces six années passées à rénover une maison et y accueillir deux adorables miss. Nous avons donc parlé de tout, de rien, c'est-à-dire de l'euthanasie et de la dignité des hommes, des femmes rongés par une maladie trop avancée pour être guérie, par exemple.

La bonne nouvelle, c'est qu'on n'a pas payé le vin. La mauvaise, c'est qu'on s'en rappellera, mais pas nécessairement dans le bon sens. Promis, l'année prochaine, je cuisinerai pour le prince, ce sont les enfants qui sortiront !!!

Alors, combien d'entre vous auront pensé, avec un titre pareil, que je n'allais pas parler du scoop number one du week-end ?

5 commentaires:

Anonyme a dit…

rien ne vaut un bon repérage préalable, surtout quand ces moments sont font rares... ;-) ce sera mieux la prochaine fois, ou, en tout cas, ça ne pourra pas être pire ! En tout cas, vous vous en souviendrez, c'est l'avantage des mauvais souvenirs, ils s'enracinent plus facilement que les autres...
pour le scoop, je crois deviner de quoi tu parles, mais vaguement car j'ai zappé toutes les infos ce WE...

Kheyliana a dit…

pauvre de vous, mais génial pour nous,en effet je me suis régalée en lisant ta note ;-)

Mémère Cendrillon a dit…

Pisinglili, si si si, je t'assure, j'étais persuadée que tout allait bien se passer ! :-))

Kheyliana, tant mieux, au moins quelqu'une se sera régalée !!

Bises

Anonyme a dit…

Jamais je ne me serais attendue à ce que tu parles de nos deux "gfxdeedfgf"... nationaux sur ton blog!
Pas de bol quand même cette soirée mais j'espère que vous en rigolerez pendant longtemps et vous vous en souviendrez! J'ai aussi remarqué que les choses sont souvent idéalisées dans nos souvenirs lointains, genre quelqu'un qu'on trouvait beau, un resto sympa, un hôtel plein de charme!! et j'en passe!

Mémère Cendrillon a dit…

Carole, oui, l'avantage, c'est qu'on s'en souviendra looongtemps !! :-))