jeudi 14 octobre 2010

L'école ...

Voilà 6 semaines, ma chérie, que tu as rejoins "les grands" de 1re primaire. C'est toi qui me l'as rappelé ce soir, sauf que les semaines s'étaient transformés en "jours". "6 jours déjà, maman, tu te rends compte ?"

Ouais, je me rends compte.

Je me rends compte que tout ce que je peux te dire n'égale en rien les paroles de la sacro-sainte maîtresse qui est La-Déesse-Vivante-du Savoir-Absolu. Moi, je ne suis qu'une maman, et pas une maîtresse. Moi, je sais pas compter avec les réglettes et encore moins savoir comment on écrit des beaux "o", moi je comprends rien à la pédagogie, et encore moins à la vie d'un épi de blé et du travail d'une moissonneuse-batteuse. Je l'avoue, les visites de ferme, j'ai toujours détesté, ça puait trop.

Moi, je comprends "que dalle" aux devoirs écrits dans le journal de classe. "Lecture p. 25 + 26" écrit en pattes de mouche version crayon gras pas bien taillé, non, ça me suffit pas. Parce que la page 25 de ton livre de lecture, ce sera pas avant Noël, ou alors, ma ligne du temps en prend un sacré coup.

Alors, ma chérie, elle est où cette page 25 ? Et la 26, hein ?
T'as fait quoi à l'école des devoirs ?
Comment ça, tu sais plus ?
Comment ça, tu sais pas ?

Maman, il faut 3 euros pour demain.
Pour quoi ? Qui te demande 3 euros ?
Ché pas, c'est la maîtresse qui l'a dit.
Bonjour la communication. Un p'tit mot, non ?
Non. Pas le temps. 23 élèves, Madame, j'ai-pas-le-temps.
J'ose pas lui dire toute la merde que j'abats en 45 heures semaine. J'ose pas, ce serait indécent.

L'éducation : une priorité. L'enseignement : un devoir. On se bat pour demain gnagnagna.
Foutaises.
Gymnastique, morale, piscine le matin. Parce que comme ça, on se réserve les gros apprentissages de base pour l'après-midi. C'est bien connu hein, que les petits réfléchissent mieux après 14h.
Oui, mais bon, c'est plus facile pour le prof de sport de venir le matin.
Je m'en fous.
J'en ai marre de devoir me contenter de si peu, de trouver tout normal.

Monsieur le Directeur, pourquoi vous opposez-vous à une école des devoirs ?
Chère Madame, parce que je suis contre la déresponsabilisation des parents. Le parent doit suivre le travail scolaire de son enfant, il doit l'accompagner; le corps enseignant ne peut pas tout.
Cher Monsieur, les parents, parfois, ça travaille et ça rentre tard. Parfois, les enfants, ça a faim et ça doit se laver. Que vaut un devoir fait à 19 heures dans les cris et l'énervement ?
Des grands-parents ?
Désolée Monsieur le Directeur, Tout-Le-Monde n'a pas des grands-parents à disposition. Si vous tenez absolument à exprimer votre laïus à Grand-Mère Cendrillon, je me ferai une joie indéfinissable de vous communiquer son numéro de téléphone. Mais je doute qu'elle vous laisse le terminer.
Puis, ça n'a rien à voir, mais ça me fait un bien fou de vous le balancer, mais la mère déresponsabilisée que je suis a quand même remis dans la cour de récré 2 enfants de 4 ans qui s'étaient gentiment évadés. Non, mais c'est sûr, on est dans un petit village, rien n'arrive jamais dans les petits villages, c'est bien connu.

Ma chère fille adorée de mon coeur que j'aime à la folie,
- ne t'avise pas de doubler : une année scolaire de plus et je sombre définitivement;
- deviens autonome et indépendante le plus vite possible que je me frotte un minimum à l'institution scolaire;
- ta mère, aussi, a enseigné.

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